Valérie tient les Chandelles
Décembre. 2011 \\ Par Jérôme Lamy

Les Chandelles, c’est le club libertin des stars, c’est surtout le dernier lieu où l’on s’amuse, à Paris. Derrière cet écrin unique et poétique, il y a une femme, Valérie, aussi discrète et rare que les Chandelles sont mythiques. Pour Clin d’Orgueil, Valérie a accepté de se dévoiler, un peu et d’ouvrir la porte de sa maison. Rencontre avec une princesse qui fait le bonheur de ce ses sujets, libertins ou non.

 

Valérie est aux plaisirs ce qu’Alice est aux merveilles, la guide enjôlée d’un monde enchanté. Dans ce conte, le miroir si délicat à passer, est la porte discrète mais retorde du premier numéro de la rue Thérèse, dans le centre de Paris. C’est l’adresse d’un lieu que la réputation sulfureuse a rendu mythique, les célèbres Chandelles. Ici le monde appartient à ceux qui se couchent tard, plus exactement aux couples qui aiment vivre leurs nuits bien différemment des chats tout gris. Assumés et brillants, érotiques, sauvages ou lubriques, les visiteurs osés des salons de Valérie sont triés sur le volet par la grande prêtresse des lieux.

C’est à 24 ans que Valérie crée Les Chandelles avec son compagnon. La jeune femme originaire de Saint-Brieuc, vient de terminer des études de commerce et travaille alors pour un laboratoire médical. Mais une fois rangé son tailleur de businesswoman, ce sont ses habits de fête qu’elle aime revêtir. Amoureuse de la nuit, de ses secrets, de ses excès, elle déplore de ne pas trouver à Paris un lieu où il serait interdit d’interdire, un lieu où un regard peut basculer en caresses effrénées, un lieu où l’on ne se dérobe pas à ses envies.

Pour autant, Valérie ne se sent pas attirée par les endroits sexuellement très décalés fétichistes ou sadomasochistes. Elle imagine un restaurant et un club classiques et romantiques, raffinés, feutrés, festifs… et permissifs. « A 24 ans, on a l’inconscience et la force de la jeunesse » lance t-elle. «J’ai créé ce lieu avec le cœur, il ressemble au club où je rêvais de passer mes soirées ».

Son vœu est exaucé puisque voici 20 ans maintenant, que l’audacieuse entrepreneuse dirige le club libertin le plus branché de la Capitale et de l’Hexagone. Et comme le vent de liberté et de volupté, qui balaie le club, n’a pas de frontière, on peut dire sans forfanterie que c’est le club transgressif le plus réputé d’Europe.

Imaginez un restaurant comme un boudoir, celui où l’on se prépare à l’amour, où l’eau monte à la bouche, imaginez une discothèque feutrée et amusée où les parades de séduction chics jamais ne dérapent, enfin, pour les passionnées, les insatiables, les impatients, imaginez des salons orgasmiques où les orgies ont pour mot d’ordre respect et raffinement. « Le sexe aux Chandelles, c’est la cerise sur le gâteau, ce n’est pas une fin en soi. On peut très bien venir passer une soirée en amoureux sans aller dans les salons. Le plus érotisant ici c’est l’ambiance, ce joli espace de légèreté où s’amuser» explique la patronne, qui reconnaît que 80% de sa clientèle passent dans ces pièces où tout est permis.

Sa notoriété magnifique dans le milieu du libertinage bien sur mais aussi dans celui de la nuit, Valérie la doit à son exigence. La sélection à l’entrée est réputée pour être impitoyable. Le dresscode est intransigeant, talons et jupes ou robes pour madame, tenue très correcte exigée pour monsieur, le tout empreint d’élégance, s’il vous plaît. « Au début, j’ai surtout refusé du monde car je craignais que les gens ne comprennent pas mon univers » dit Valérie.

Sans le savoir, sans faire aucune étude de marché préalable, l’univers et les craintes associées de la douce bretonne ont commencé à attirer une clientèle de VIP, artistes ou leader d’opinion irrévérencieux, gens du show business tels Thierry Ardisson, qui longtemps n’a pas caché que Les Chandelles étaient l’un de ses quartiers généraux.

Lorsque l’on demande à l’hôte des lieux si les éloges de l’Homme en noir ont accéléré la fréquentation de son établissement, elle répond que très probablement cela lui a fait une belle publicité. « Je ne recherche pas particulièrement que mon club soit rempli de stars, certaines qui se comportent comme des porcs ne sont pas les bienvenues chez moi et je ne les laisse vraiment pas entrer » précise Valérie. « En revanche, j’avoue que je suis particulièrement fière quand je reçois comme il y a quelques jours des gens comme Cameron Diaz ». Valérie peut être fière, en effet de sa réussite. Elle tient ses troupes avec une main de fer pour faire de son établissement un écrin de velours. Rien n’est laissé au hasard. Les parfums, la musique, le buffet de bonbons, les fruits frais, les crèpes chaudes à quatre heures du mat’, la décoration baroque et joliment décadente, elle choisit absolument tout avec grand soin.

Elle se rend assez peu dans les salons, la plupart du temps, c’est elle qui tient la porte de son petit palais. « Je ne suis pas échangiste » explique t-elle. « L’important pour moi est de vivre et maintenir cette ambiance troublante où tout est possible ». L’amour aux Chandelles se vit au rythme de l’insouciance des désirs sans tabous. Evidemment, cette extravagance des libertés dérange, bouscule, et lorsque Valérie parle de «poésie du sexe», elle se défend contre tout ceux qui diabolisent le libertinage. Elle monte d’ailleurs assez vite au créneau contre les médias qui comparent systématiquement le sexe à des pratiques ‘trash’.

Féminine et discrète, mince et élégante, Valérie est une éternelle amoureuse qui vit en couple et pour qui la fidélité en amour sonne comme une évidence. Elle ne fait jamais l’apologie du vice mais toujours celle de la liberté.

Enfin, lorsqu’elle n’est pas à son office, cette habitante du 1er arrondissement de Paris, fait son marché à Montorgueil, prend le temps d’un verre au bar du Meurice, fait un petit tour chez Colette ou déjeune place du Marché Saint Honoré.

Alors, en voisin, peut-être avez-vous déjà croisé la route de la grande gardienne des inavouables secrets du Tout-Paris. Celle pour qui la vie, comme le sexe, est une poésie.