Un film Martyr ?
Un exercice de style, un cinéma de genre que le magazine MadMovies, référent dans le cinéma ultra-violent, a salué comme un film d’auteur, “un chef d’œuvre absolu et définitif”. Dans les colonnes du magazine, Alexandre Bustillo, co-réalisateur de A l’intérieur, ne mâche pas ses mots. Il érige Martyrs au rang du «meilleur film d’horreur dont ait accouché le cinéma français ». Libération parle même d’un film “avec une telle intensité crépusculaire, explosant, sans temps mort (...), qu'il paraît peu vraisemblable que quelqu'un parvienne de sitôt à égaler les coups de boutoir qu'il est sur le point d'asséner au public hexagonal.” Technikart, pas en reste dans l’éloge, évoque une œuvre “fulgurante.”
Et si certaines scènes se répètent souvent dans d’insoutenables longueurs, ils convient de saluer la performance des actrices Mylène Jampanoï et Morjana Alaoui. Leur interprètation, habitée et sans fausse note, est peut-être la première raison d’aller voir Martyrs. Martyrs commence sans sexe - les filles sont torturées pas violées - et sans circonvolution. Une enfant d'une dizaine d'années boîte entre des immeubles d'une friche industrielle pour échapper à ses tortionnaires. Image choc, la jeune actrice évoque la célèbre fillette photographiée par Nick Ut en 1972, fuyant nue et en pleurs son village au Vietnam dans un nuage de napalm.
Une quinzaine d'années après la scène d'exposition, Lucie (Mylène Jampanoï) frappe à la porte d'un pavillon où déjeune une famille bourgeoise. Croyant reconnaître ses tortionnaires, elle exécute parents et enfants, sans sommation. Elle est rejointe par son amie Anna (Morjana Alaoui), complice objective, animée de sentiments ambigus à l'égard des victimes.
Presque déconnectée du début, la deuxième partie de Martyrs, qui se déroule dans un laboratoire, tourne alors à l'essai sur la relation entre la victime et son bourreau, sur la dignité des opprimés et sur la nature du sadisme, sur l'identité entre la souffrance et l'orgasme.