Shirley Bousquet: Je suis un peu vieux jeu
Octobre. 2010 \\ Par Jérôme Lamy

Côté vie privée, Shirley Bousquet ne cache pas un style un peu vieille France. C’est aux de séduire la belle. Côté vie professionnelle, elle va de l’avant et prend les choses en mains.Magnifique dans l’Amour c’est mieux à 2, elle tourne actuellement Croisière Caraïbes avec Franck Dubosc et Gérard Darmon.Rencontre au Novotel-Les Halles...

C’est à Marrakech, cet été, dans le quartier de l’Hivernage, au bord de la piscine de l'hôtel Sofitel, que l’idée d’une couv’ dans Clin d’Orgueil est née. Mais Shirley Bousquet devra patienter pour découvrir ce numéro de Clin d’Orgueil qui lui offre une fenêtre médiatique à la hauteur d’un talent enfin reconnu.
C’est que Shirley est une femme très séduisante et très demandée. A peine a-t-elle achevé le tournage de Omar m'a tué, le film de Roschdy Zem, inspiré du fait divers sur Omar Raddad où elle tient le rôle de la femme de Denis Podalydès, qu’elle a embarqué au début du mois de novembre pour une croisière à nulle autre pareille.
De New-York aux Bahamas en passant par Miami, Shirley Bousquet est du casting de Croisière Caraïbes, le film événement d'Eric Lavaine avec Franck Dubosc, Gérard Darmon et Valérie Lemercier. Autant dire que celle qui fut révélée par Caméra Café, où elle campait le personnage de Nancy, enchaîne les tournages avec le même bonheur.
C’est grâce à L'amour c'est mieux à deux, la comédie à succès de Dominique Farrugia, que Shirley est vraiment entrée dans la lumière, gagnant ses galons d’actrice incontournable. Drôle et charismatique dans les habits de la secrétaire entreprenante et décalée de Clovis Cornillac, elle prouve - si besoin était - que la comédie est un métier qui ne s’apprend pas en présentant la météo ou des émissions de télé.
Shirley, qui revendique l’héritage de la ligue d’improvisation - “les caméras cachées sont une super école” dit-t-elle - interprétait et enregistrait, dès l'âge de 6 ans, des sketches sur cassettes pour être sûre que sa maman, qui rejoignait tous les week-end son père, skipper, à Saint-Malo, ne s'endorme pas au volant.
Aujourd’hui, ce sont les autres actrices françaises qui feraient bien de ne pas s’endormir sur leurs lauriers, car derrière la lunaire Marion Cotillard, Shirley Bousquet a tous les atouts pour remporter le jackpot.
Après une pause coiffure chez Cocoon, rue Montmartre, et une séance essayage chez Les petites, plus bas dans la même rue, nous avons pris la direction du Novotel-Les Halles où Michel Faquin, le directeur et Stéphanie Constentin, la directrice de la communication, nous avaient réservé une jolie chambre pour organiser une séance photo que Shirley Bousquet a illuminé de mille feux.

Si on dit que la comédie coule dans vos veines depuis votre enfance, on n’est pas loin de la réalité...
Je ne peux pas dire le contraire. Comme j’étais fille unique et que je n’avais personne avec qui jouer, j’ai toujours travaillé mon imaginaire et je me suis très tôt fait mon cinéma. Après, tout l’enjeu était d’embarquer les copines dans mes délires...

Est-ce qu’il faut être narcissique pour réussir dans ce métier?
C’est un peu fort quand même comme terme, mais c’est effectivement une petite faiblesse qui nous est commune et qu’on exploite très vite.

En tout cas, au delà de nourrir votre égo, le personnage de Nancy dans Caméra Café a lancé votre carrière...
Oui, complètemeent, non seulement à la télé mais aussi au cinéma puisque j’ai eu mon premier vrai rôle dans Espace Détente. Je me souviens du stress énorme lors du casting en présence de Bruno Solo et Yvan Le Bolloc'h. Pendant cinq années, j’ai appris beaucoup de choses. Mais une telle aventure ferme autant de portes qu’elle en ouvre. Quand on entre tous les soirs dans le salon des Français, on vous colle forcément des étiquettes sur le dos.

Avez-vous des regrets?
Non, je ne dis pas que les choses auraient pu être plus simples sans Caméra café, je dis seulement qu’on ne m’a pas déroulé le tapis rouge. De toutes façons, je ne suis pas du genre à attendre toute ma vie un premier rôle au ciné en me lamentant. Je vais de l’avant. C’est ma philosophie de vie.

A vous voir dans L'amour c'est mieux à deux, on peut dire que ça vous réussit...
Avec Tout ce qui brille et l’Arnacœur, L'amour c'est mieux à deux a prouvé qu’on pouvait faire de belles comédies humaines en France dans lesquelles les femmes ne sont pas seulement des faire-valoir. Les femmes ont le droit d’être drôles, non? Dans L'amour c'est mieux à deux, je jouais la cruche de service, la fille qui veut trop bien faire. J’ai essayé de donner un peu d’âme et de corps au personnage en l’humanisant et Dominique Farrugia m’a laissée faire. Lors du casting, j’ai improvisé la phrase “Tu connais beaucoup de femmes qui savent faire le crotale ?”. Elle a été conservée, à tel point qu’on peut dire que c’est devenu une réplique culte du film.
Sur Canal+, dans la Bern Académy, vous interprètiez des sketches avec Florence Foresti. C’est une bonne école pour être drôle... On a appris beaucoup de choses l’une de l’autre. Florence m’a appris la scène et je l’ai initiée à la caméra.

Est-ce que le regard des gens du cinéma à votre endroit a changé depuis L'amour c'est mieux à deux?
Tout le monde a besoin de succès. Moi, autant que les autres. C’est évident que j’ai davantage accès aujourd’hui au directeur de casting. C’est bon signe. De mon côté, je m’attache à à être encore plus vigilante à l’instant de faire mes choix. J’ai forcément plus de propositions de cinéma mais je ne ferme pas la porte à des projets de beaux téléfilms. Je sais d’où je viens.
Est-ce que vous êtes sensible à ce que les gens pensent de vous?
J’aimerais dire que c’est le dernier de mes soucis. Mais ce serait un mensonge. J’essaye seulement de m’en détacher car avant j’étais trop sensible à ce qui pouvait se dire ou s’écrire.

Est ce que vous faites attention à votre image?
J’essaye de ne pas faire de vagues tout en restant moi même. Quand je cherche à êre brillante lors d’un diner par exemple, c’est là que je sors une grosse connerie (rires). Parfois, j’aimerais être excentrique ou très sexy mais je me l’interdis. Quand je vais à une soirée, j’essaye de savoir le dress code pour ne pas me faire remarquer. Pour autant, je n’ai pas envie de devenir transparente.

Est-ce que vous aimez séduire?
Forcément, j’aime un peu séduire sinon je ne ferai pas ce métier. J’aime l’idée qu’on m’aime, qu’on me trouve sympa. Mais je ne fais pas l’actrice à plein temps. Je critique tellement celles qui font ça que je ne veux pas tomber dans le piège.?Je joue seulement entre action et coupé.

Etes-vous ambitieuse?
Pas plus, pas moins qu’une autre mais sans un minimum d’ambition et de confiance en soi c’est utopique d’essayer de se faire une place dans le métier. Derrière Marion Cotillard qui est happée par les Etats-Unis, il y a des places à prendre et des beaux rôles à s’approprier. Je suis très admirative de Géraldine Nakache ou d’une fille comme Hafsia Herzi qui va déjà réaliser son premier long métrage. C’est un exemple à suivre.

Est-ce que vous avez peur de vieillir?
Pour le moment, je ne me pose pas trop la question. On devient plus séduisante en vieillissant même si on ne pardonne rien à une femme. J’ai 34 ans et j’assume mon âge. En tout cas, je ne ferai pas de chirurgie esthétique à la première ride. Ceci dit, peut-être que je tiendrai un tout autre discours dans 25 ou 30 ans...

Justement, comment vous voyez-vous dans 25 ou 30 ans?
Je m’imagine dans la peau d’une mère épanouie qui continue à travailler et à tourner.

Avez-vous des envies d’enfants?
Pour tout dire, ça commence à me travailler depuis très peu de temps. Quand je croise un bébé, j’ai du mal à ne pas être touchée. Quand je vois une poussette, je tends le regard pour apercevoir le poupon. C’est un signe ! Le problème, c’est que je n’ai pas encore rencontré le père (rires). Dans ma vie personelle, je me laisse trop porter, je ne prends pas assez les choses en main. Mais, bon, au fond, peut-être que je suis un peu vieux jeu, ringarde...
C’est donc aux hommes de faire le premier pas avec vous...
Je suis une fille à l’ancienne. J’envoie juste des petits signaux et j’attends que l’homme se lance. Mais le probème, c’est que parfois, il ne se lance jamais. Les hommes ont pris de mauvaises habitudes avec la nouvelle vague des filles entreprenantes. A mon sens, l’homme doit rester le chasseur et la femme la proie. C’est l’homme qui doit sentir le moment du premier baiser, c’est lui qui doit se lancer quitte à prendre un rateau. Je suis un petit joyau, je ne m’offre pas comme ça (rires).

Il parait qu’outre la comédie, vous avez un don pour le bricolage...
Mon meilleur ami, c’est Leroy Merlin, rue Rambuteau. J’adore bricoler, parfois la salle de bain, parfois les peintures de la cuisine, parfois le carrelage. Quand je suis stressée, ça m’apaise, ça me calme. Je fais tout même la plomberie mais je ne touche jamais l’électricité.

Si tu étais une couleur ? Le parme: ma chambre est parme, ça m’apaise.
Une saison ? Le printemps: l’émoi des premiers rayons de soleil et les petites robes.
Un pays ? La France: un peu de chauvinisme quand même !
Une ville ? New York: une boule d’énergie.
Un moyen de transport ? Le métro: pratique.
Une boisson ? Le Rosé: vin de convivialité.
Un objet ? Un téléphone.
Ta dernière crise de rires? Trop loin; c’est aussi rare que c’est bon.
Ta dernière colère ? Avec une amie au téléphone, je me suis surprise à une vraie bouffée de violence.
Un trait de caractère ? Je suis souple.
Ton film culte ? The Kid de Charlie Chaplin.
Ta qualité préférée chez un homme? Son humanisme.
Ce qui est rédhibitoire chez un homme? La radinerie
Si tu pouvais changer quelque chose dans ton physique... ? Affiner mes mollets
La partie de ton corps que tu préfères ? Ma cambrure.
Tes dernières vacances ? Biarritz.
Dernier CD ? Léonard Cohen.