Seybah Dagoma: "Pour un nouvel élan"
Mars. 2008 \\ Par Jérôme Lamy

L’élan des listes Delanoë à Paris et la belle campagne de terrain, réalisée par Seybah Dagoma dans le 1er, ont porté cette dernière sur les talons de Jean-François Legaret avant un second tour très incertain. Figure d’une nouvelle génération porteuse d’un souffle nouveau, cette brillante avocate entend profiter de la “volonté de changement des électeurs”, qui ont témoigné “d’un mécontentement grandissant à l’égard du maire sortant”.

Clin d’oeil.- Comment analysez-vous les résultats du 1er tour?
Seybah Dagoma.- Ces résultats sont prometteurs, à l’échelle de Paris et du 1er. Les Parisiens dès le 1er tour ont accordé 42 % des suffrages à nos listes. Ce qui est sans précédent.  Il y a un souffle nouveau. Dans notre arrondissement, les électeurs ont également manifesté leur volonté de changement en votant plus qu’à l’accoutumée contre la liste du maire sortant, Monsieur Legaret, ancien Adjoint aux finances de Tibéri. Ce dernier est élu depuis 25 dans notre arrondissement. Nos résultats sont en hausse par rapport à toutes les élections récentes. A mes yeux, les conditions sont réunies pour que nous puissions rejoindre la dynamique instaurée par Bertrand Delanoë et ses équipes depuis 2001. C’est ce que j’appelle de mes vœux.

Est-ce une victoire de Delanoë ou une défaite de l'UMP?
On ne peut parler de défaite ou de victoire à ce stade. C’est au soir du second tour que l’on pourra tirer des conclusions. Il faut avoir en tête qu’avant la mandature actuelle, Paris a toujours été gérée par des conservateurs. Depuis 2001, notre ville a changé. L’équipe actuelle a rompu avec l’époque où le simple respect de la loi était considéré comme accessoire. Car la politique c’est aussi une éthique. Il a fallu mettre un terme au clientélisme et à l’opacité qui, alliés à une extrême concentration des pouvoirs, dessinaient les contours d’un «système » à ce point malsain qu’aujourd’hui encore, il place ses héritiers dans l’inconfort.

Etes-vous surprise par votre score?
Dès le départ, nous avons mis le dialogue et l’écoute au cœur de notre campagne. Nous avons mené une campagne de terrain, inventive et solidaire: cafés-débats autour de grandes thématiques allant de la jeunesse à la vie démocratique, réunions publiques, rallye, « promenades citoyennes », réunions d’appartements… Autant de moments d’échanges riches et sans concessions avec les habitants. Et cela a permis d’élaborer un projet commun, à l’écoute des problèmes et  adapté à la réalité de notre arrondissement. Je pense que le score s’explique par cette démarche, par la dynamique parisienne et par le mécontentement grandissant des habitants à l’égard de Monsieur Legaret.
Faut-il lire dans ce vote une sanction contre Sarkozy?
Je ne le crois pas.  Les élections municipales sont des élections locales et non nationales. Selon moi, c’est d’abord le projet, la volonté d’améliorer la vie des habitants et ensuite la personnalité des candidats qui déterminent le vote municipal.
Vous résistez bien dans les bureaux de vote généralement acquis à la droite. Avez-vous une explication?
Je ne sais pas ce que signifie un bureau de vote acquis à la droite pour une élection municipale. L’important est de répondre aux besoins des habitants. Et manifestement, il y a une attente. Par exemple, nous nous engageons aux côtés des commerçants et artisans pour préserver les activités de proximité notamment en collaborant étroitement avec la Semaest (Société d’Economie mixte parisienne dont la mission est de promouvoir la diversification du tissu économique des quartiers). La préservation de la vie dans nos quartiers est notre priorité. En aucun cas, notre arrondissement ne doit devenir un musée. 
Que répondez-vous aux accusations de parachutage qui reviennent chez votre adversaire?
Nous n’avons ni la même culture démocratique, ni la même approche de la politique. Les attaques personnelles et l’intolérance sont à l’opposé des valeurs que je défends. A droite, une candidature est souvent le fait du prince. En ce qui me concerne, elle est le fruit d’un processus démocratique. Nous avons débattu, j’ai exprimé mes idées et j’ai été désignée tête de liste par 58% des militants.

Jean-François Legaret tance votre méconnaissance des dossiers et votre manque d’intérêt pour les affaires locales?
Comme tout citoyen habitant le premier arrondissement depuis de nombreuses années, je me suis toujours intéressée à la vie locale. La fermeture de la Samaritaine, le projet de rénovation des Halles et de la poste du Louvre, la disparition de nombreux commerces notamment le charcutier de la rue du Roule, le poissonnier de la rue des Prouvaires, l’électricien de la rue JJ Rousseau…. me préoccupent fortement. Notre arrondissement doit être un lieu de vie et non de passage !

Si vous êtes élue, est-ce que vous laisserez la mairie à Alain Le Garrec  comme le prétendent vos adversaires?
C’est une plaisanterie ! Je suis tête de liste. Et si notre liste l’emporte, je serais maire. Et je consacrerai toute mon énergie à redonner un élan à notre arrondissement avec Alain le Garrec, dont je salue le travail de terrain depuis des années.

Que pensez-vous de Jean-François Legaret ?
Je le respecte en tant qu’élu de la République. Mais je n’ai pas pu faire de réunion d’appartement chez lui. Elles se font chez les habitants du 1er.

Une victoire dimanche et votre carrière politique serait vraiment lancée?
Je me suis toujours engagée au service des autres, et ce aussi bien dans mes activités professionnelles, associatives ou politiques. Ma conviction est qu’il n’y a pas de fatalité. Je suis avocate et je me bats quotidiennement pour défendre les intérêts de mes concitoyens. Si je suis élue, je me battrais de la même manière. Mon objectif est de servir les habitants de notre arrondissement pendant les six prochaines années.

Quel est votre message en direction des électeurs du MoDem, qui pourraient faire basculer le scrutin?
Les électeurs du MoDem font partie de ceux qui ont rejeté la politique du Maire de notre arrondissement. Je pense qu’ils se détermineront, comme tous les habitants, en fonction de leur quotidien et de leur choix de projet.

Pourquoi le 1er avancerait plus avec un maire de la même coloration que l'Hôtel de Ville?

A l’échelle de Paris, le Maire de notre arrondissement a bloqué la plupart des initiatives portées par l’Hôtel de Ville et n’a fait aucune proposition constructive pour notre arrondissement contrairement à d’autres maires, y compris ceux de sa famille politique. A l’échelle de notre arrondissement, il a retardé un certain nombre de projets demandés par les habitants tels que le marché Montmartre. En outre, le fonctionnement des instances démocratique est particulièrement caricatural. Si je suis élue, notre arrondissement se mettra en mouvement pour rattraper son retard.