Seybah Dagoma : Mon obsession est l’emploi des Parisiens
LOGEMENT, priorité absolue dans le 1er
Clin d’Oeil.- Quel est votre regard sur le compte rendu de mandat de Bertrand Delanoë, dans le 1er arrondissement?
Seybah Dagoma.- Pour le dixième anniversaire de cet exercice de démocratie locale, nous sommes entrés dans une nouvelle phase avec l’avènement du compte-rendu thématique. Il était important d’aborder le sujet de Paris Métropole dans le 1er arrondissement car il ne faut pas oublier que les Halles sont la première porte sur Paris avec 800000 visiteurs par jour. La création d’un syndicat mixte avec 170 collectivités représentées témoigne de la nouvelle solidarité entre Paris et sa banlieue, qui est devenue le partenaire privilégié de la Capitale. Par exemple, je me félicite qu’un bus-buvette d’Aulnay-sous-Bois ait pu participer à Paris-Plage ou que les banlieues aient été concertées sur le projet des voies sur berges.
Quel bilan dressez-vous de vos actions dans le 1er arrondissement?
Pour le logement, qui est notre priorité absolue, avec Bertrand Delanoë, nous nous sommes engagés à financer 40000 logements d’ici à 2014. Ainsi, notre municipalité aura un temps d’avance sur l’application de la loi SRU : nous parviendrons au seuil de 20% de logements sociaux dès 2014, alors que la loi nous laisse jusqu’à 2020. Dans notre arrondissement, nous sommes mobilisés : 7000 m2 seront dédiés au logement dans le cadre de la réhabilitation de la Samaritaine, 17 logements ont été livrés en 2009 et 50 ont été financés cette année. Par ailleurs, je me suis personnellement impliquée pour que le site de l’ancienne station Shell rue du Colonel Driant soit affecté à un programme de création de 15 logements sociaux.
Pour l’emploi, je suis intervenue pour qu’une partie importante des 2200 emplois qui seront créés sur le futur site de la Samaritaine soit réservée à des emplois d’insertion, c'est-à-dire pour des personnes très éloignées de l’emploi. Je contribuerai à mettre en lien les différentes structures d’insertion par l’activité économique parisiennes et la direction de la Samaritaine, afin de tenir totalement cet engagement. De même, j’ai veillé à ce que des clauses sociales soient introduites dans les marchés publics des Halles, qui permettront d’embaucher plusieurs centaines de personnes en insertion sur le chantier résidant notamment dans notre arrondissement. D’ores et déjà, nous travaillons avec différentes associations locales à savoir “Travail au Clair”, “Emmaüs” et la régie de quartier Paris Centre. A cet égard, nous avons convenu l’extension de ladite régie (comprenant actuellement le 2eme, 3eme et 4eme arrondissement) au 1er arrondissement en 2011.
Pour le commerce de proximité, les élus socialistes de l’arrondissement, ont fait adopter un vœu en conseil d’arrondissement puis au Conseil de Paris pour qu’une étude soit menée sur la rue Saint-Anne afin de déterminer s’il y a une mono-activité. La Ville a ainsi confié cette mission à la SEMAEST.
Pour la santé, Loig Raoult, Marta Garcia et moi même, avons saisi l’adjoint au Maire de Paris en charge de ce secteur, afin qu’ensemble nous nous battions pour maintenir l’activité du Centre de santé du Louvre, qui a connu des difficultés financières. Aujourd’hui, ce centre qui propose une offre complète de soins dans notre arrondissement avec un conventionnement secteur 1 est toujours ouvert. Les récentes réformes du gouvernement qui ont conduit à l’augmentation considérable du prix de la santé et des consultations nous imposent une vigilance accrue.
Pour l’école, nous avons entrepris, lors de la dernière rentrée scolaire, les démarches urgentes auprès du Rectorat pour permettre l’inscription en établissements des élèves qui risquaient de se retrouver descolarisés.
Vous avez également été active en matière de culture et de démocratie locale....
Pour la culture, j’ai obtenu qu’une subvention de 40 000 euros de la Mairie de Paris soit attribuée au Théâtre des Déchargeurs, ce qui lui a permis d’effectuer des travaux d’équipements nécessaires à la poursuite de son activité dans les meilleures conditions.
Pour la solidarité, nous avons obtenu pour l’Union compagnonnique installée rue Berger une subvention de 223 000 euros, qui leur permet de réaliser des travaux d’aménagements de leurs locaux, afin de faciliter l’accueil de nouveaux compagnons.
Pour la démocratie locale, conformément à notre conception du rôle des élus dans les conseils de quartier, nous laissons le soin aux habitants de les animer eux-mêmes. En outre, nous avons obtenu une modification du règlement intérieur du conseil du 1er arrondissement, qui permet désormais aux habitants de poser des questions à l’issue de chaque conseil sur des sujets locaux de leur choix.
LE RETOUR A L’EMPLOI PAR L’INSERTION
Quels sont les résultats de votre délégation dans le cadre du Plan Départemental d’Insertion?
Pour mémoire, 2584 allocataires du RSA ont retrouvé un emploi en 2009 grâce à l’économie sociale et solidaire, dans le cadre des actions du “Plan Départemental d’Insertion”. Ce chiffre est en forte progression. Nous espérons l’améliorer encore dans la deuxième partie de mandature.
Pouvez-vous nous parler de la convention signée avec Emmaüs Défi?
Pour permettre le retour à l’emploi de personnes en situation de grande exclusion, nous avons signé une convention avec Emmaüs Défi, association rattachée à Emmaüs France, pour ouvrir des « bric-à-brac de quartier », qui emploieront des personnes en situation de grande exclusion pour le recyclage et la revente d’objets, meubles et vêtements issus des dons des Parisiens. Ces boutiques favoriseront l’emploi, le développement durable et le pouvoir d’achat car les articles y sont vendus à des prix très modérés. D’ores et déjà, une centaine de personnes, dont de nombreuses personnes sans domicile fixe, travaillent sur le site du boulevard Jourdan dans le 14ème arrondissement. Par ailleurs une boutique a ouvert ses portes au « 104 » en janvier 2010, et un grand bric-à-brac ouvrira sur le site de l’ancien marché Riquet dans le 19e arrondissement en septembre 2011.
Il reste des personnes en situation de grande exclusion...
C’est pourquoi, nous avons voté, en 2010, le dispositif « Premières heures », dans le cadre du PDI. Il va permettre à 100 personnes en situation de grande exclusion en 2011 et à 100 autres en 2012 de travailler à leur rythme. En effet, bien que très efficaces, les chantiers d’insertion imposent en moyenne 26 heures hebdomadaires. Or, le nombre d’heures peut s’avérer trop important pour certaines personnes. C’est pourquoi ce dispositif permet de travailler un nombre d’heures à la carte avant d’intégrer un chantier d’insertion.
Quelle est la situation des artistes allocataires du RSA?
Pour les artistes allocataires du RSA, l’ESS offre un appui important, à tous les stades de l’activité de création : en amont des projets (financement, aide au montage de projets), pendant sa réalisation (mise à disposition d’espaces de création), et en aval (aides à l’embauche, revenus complémentaires). Grâce à des structures de l’ESS telles que l’AVEJ (Association Villette Emploi Jeunes), le Socle (situé au « 100 », rue de Charenton dans le 12e) ou Clara (coopérative d’activité et d’emploi située à la Goutte d’Or), 720 artistes parisiens en difficulté ont été aidés en 2009, et 240 ont déjà retrouvé un emploi.
Vous misez toujours sur les régies de quartier...
Clairement ! Deux nouvelles régies de quartier ont vu le jour en 2010, dans les 10e et 12e arrondissements, après les 3 créées en 2008 dans les 14e, 17e et 20e arrondissements. Au total les 11 régies parisiennes labellisées emploient aujourd’hui plus de 300 personnes, dont 250 en insertion et 30% de jeunes. Des actions de mutualisation de leurs moyens et de leurs compétences ont été mises en place pour développer leurs activités et rendre de nouveaux services aux habitants des quartiers. En 2011 et 2012, nous avons pour projet de créer 3 autres régies dans les 9e, 15e et 16e arrondissements, ce qui portera le total à 14.
Quels sont les effets des clauses d’insertion introduites dans des marchés de la Ville de Paris?
Grâce aux clauses d’insertion introduites dans 113 marchés de la Ville, 166 000 heures de travail ont été réalisées par 135 personnes en insertion à Paris en 2009. par ailleurs, de telles clauses ont été introduites dans les marchés des grands projets parisiens (Tramway, Halles, Beaugrenelle), pour augmenter fortement nos résultats en la matière. Un comité de pilotage a été créé, pour mobiliser l’ensemble des services de la Ville sur cet objectif.
LE RETOUR A L’EMPLOI PAR LA CREATION D’ENTREPRISES SOLIDAIRES
Comment favorisez-vous la création d’entreprises dans le secteur de l’économie sociale et solidaire?
L’accompagnement et le financement : la création d’entreprises dans le secteur de l’ESS est un moteur de la délégation. Nous avons augmenté notre soutien à “Paris Initiatives Entreprises”, qui vient de fêter ses 10 ans. En 2010, PIE a financé 197 entreprises, dont 25 de l’ESS, permettant la création ou la consolidation de 287 emplois. Nous travaillons toujours avec l'ADIE sur le microcrédit économique afin de le développer sur l'ensemble du territoire parisien, en particulier en direction des jeunes et des femmes. 368 microcrédits ont été accordés par l’ADIE à des Parisiens en 2009, pour un total de prêts atteignant 917 000 euros. Enfin, notre partenariat avec “la Boutique de Gestion de Paris et de l’Ile-de-France” a permis cette année la création de 350 entreprises, dont 155 relevant du secteur de l’ESS.
On ne peut pas parler du retour à l’emploi sans parler de développement des services à la personne.
Grâce au soutien de la Ville, une couveuse dédiée aux services à la personne est en création au sein de “la Boutique de Gestion de Paris et de l’Ile-de-France”. Cette couveuse travaillera en collaboration avec “la Maison des Entreprises et de l'Emploi” (MDEE) du 10ème arrondissement, qui a ouvert ses portes cette année, et qui est spécialisée dans ce secteur. L’entrée en vigueur du décret d’application attribuant l’agrément « services à la personne » aux régies de quartiers, attendu pour janvier 2011, devrait permettre de développer ce secteur dans les quartiers politiques de la Ville.
Comment promouvoir l’entreprenariat social ?
Nous poursuivons le soutien à “La Ruche” (10e arrondissement), pépinière d’entrepreneurs sociaux créée en 2008, qui rencontre un véritable succès avec une quarantaine de structures hébergées, soit une centaine de personnes. Cette structure innovante attire vers elle des personnes de toute la France et de l’étranger. Paris sera l’une des premières collectivités locales adhérentes du “MOUVES” (Mouvement national des Entrepreneurs Sociaux). Mohammad Yunus a été accueilli à Paris en février 2010 lors du salon des entrepreneurs.
LA PROMOTION DU COMMERCE EQUITABLE
Qu’avez-vous entrepris en faveur du commerce équitable?
La Ville de Paris a été récompensée en novembre 2009 pour ses actions en faveur du commerce équitable, par l'obtention du label « Territoire de Commerce Equitable » décerné par les acteurs du secteur. Ainsi Paris a rejoint le « club » des capitales distinguées parmi lesquelles Londres, Bruxelles, Copenhague et Rome. Depuis 2008, nous avons doublé le nombre de points de vente de commerce équitable à Paris (160 aujourd’hui). Nous espérons atteindre 180 dès l'année prochaine. Nous multiplions les opérations visant la promotion de ce secteur auprès du grand public. Par exemple, à l'occasion de la journée mondiale de l'alimentation le 16 octobre dernier, nous avons organisé une conférence à l’Hôtel de Ville, en partenariat avec la “FAO” et Max Havelaar. Elle était consacrée au thème de la contribution des villes à la lutte contre la faim dans le monde et au développement du commerce équitable. Plus que jamais, nous avons besoin d’innovation sociale et de solidarité renforcée, et je suis très déterminée à poursuivre cette action efficacement.
(décembre 2011)
Bouleversé par la révolution de Jasmin en Tunisie qui a provoqué la fuite du président Zine el-Abidine Ben Ali, Michel Boujenah dit que le plus dur commence pour le Pays où il a grandi. Il est aussi très sensible au conflit israëlo-palestinien, à l’avenir d’Haïti et à... celui de la gauche française.
Clin d’Oeil.- Les événements en Tunisie vous ont-ils beaucoup touché ?
Michel Boujenah.- C’est difficile de ne pas se préoccuper du pays où je suis né. J’y ai tous mes amis d’enfance. Que je le veuille ou non, c’est mon pays. Mais je ne me sens pas forcément légitime pour parler de ce sujet. Ceux qui se sont battus devraient être à ma place pour parler. Je pense à tous ces jeune blogueurs qui sont allés en prison, tous ces jeunes sont Facebook qui ont créé les conditions de cette révolution. Tous ces jeunes ont besoin d’une tribune pour s’exprimer sans oublier tous les gens de la soiciété civile comme les avocats, les professeurs ou les médecins. Tous ceux qui ont mené ce combat spontané qui a dépassé tout le monde par son incroyable vitesse méritent aussi la parole.
Quel est votre sentiment?
Je suis bouleversé parce que je pense à mon père qui aurait tant aimé voir ça. Le peuple tunisien est un grand peuple, je l'ai toujours dit et je l'ai toujours pensé. C'est un moment historique, il faut les protéger beaucoup parce qu'ils sont en danger, il faut faire très attention au peuple tunisien. C'est pas facile, ce n'est pas terminé.
Qu’est-ce qui vous fait peur ?
La violence en général, celle liée à l’islamisme, à la corruption. Mais ce qui se passe est encourageant. Ce mouvement est laïc. Les jeunes se rassemblent et c’est essentiel. C’est désolant de voir un pays où tant de gens qualifiés, diplômés manquent de travail.
Les prochains mois ne manqueront pâs d’être très importants pour l’avenir de la Tunisie...
Le peuple tunisien a désormais besoin en effet qu’on lui accorde du temps, de l’attention et surtout de la fraternité. Il ya des cadres, des ingénieurs, des intellectuels, il y a tout ça en Tunisie. C’est pourquoi la Tunisie a une chance magnifique qui ne doit pas etre gachée. Tout le monde doit faire attention au peuple tunisien y compris les gouvernements occidentaux. Mais la il ne faut pas faire de la politque avec des critères aoccicentaux. Personne ne doit imposer son destin à la Tunisie. Elle a son destin en main. Et elle doit le tenir très fort.
Vous attendiez-vous à ce qui s’est déroulé ?
Les Tunisiens ne sont pas de nature violente. On nous a annoncé moins d’une centaine de morts. On peut imaginer que les vrais chiffres approche en réalité le triple. Pour la Tunisie, c’est énorme. C’est un pays fondamentalement pacifiste.
On sent que les problèmes liés à la violence vous affligent vraiment.
C’est le cas. L’Afrique est un gigantesque champ de bataille, un bain de sang. En Israël il règne un climat de paranoïa pro-palestinienne. Mais on oublie souvent de dire qu’à Gaza même, les populations sont surtout terrorisées par la dictature islamiste. Je ne prends pas partie, je n’ai pas de solution, mais il y a une chose dont je suis persuadé, c’est que pour trouver des solutions, il faut avant tout que les violences cessent.
Quelles sont ces solutions selon vous ?
Je n’en ai pas. Moi je suis juste un clown, je peux faire rire les gens afin qu’ils oublient un peu leurs soucis mais je n’ai aucun pouvoir. Cela dit même les politiques n’ont aucun pouvoir. On l’a vu avec la crise. Ils étaient eux-mêmes dépassés.
Vous avez pourtant une certaine confiance en la politique. Vous avez beaucoup soutenu Ségolène Royal aux dernières Présidentielles. Peut-elle encore compter sur vous?
Si elle se représente, je ne serai pas derrière elle cette fois-ci. Je ne peux pas soutenir quelqu’un qui ne le mérite pas.
Vous êtes connu pour être un homme de gauche, malgré votre déception vous le resterez ?
Je ne sais pas si je vais voter à gauche, c’est angoissant. Je n’y vois plus que des luttes de pouvoir aucun combat pour défendre un programme. Le pire c’est que tout cela fait le lit de Marine Le Pen qui est une très bonne communicante !
Vous vous mobilisez pour de nombreuses causes dès que vous en avez l’occasion…
Le plus dangereux, le plus vicieux quand une catastrophe a lieu, c’est que sur le coup, l’opinion publique s’émeut évidemment, mais tout tombe très vite dans l’oubli. Regardez Haïti, c’était il y a un peu plus d’un an. Aujourd’hui qui y pense ?
En octobre dernier on vous à vu à nouveau dans Rire contre le racisme sur France 2 ? Ce projet est-il important pour vous?
Oui, ce projet me tient à cœur car il est difficile à organiser. Finalement c’est assez consensuel de faire le téléthon, cela ne retire rien à son intérêt mais tout le monde est touché. Rire contre le racisme est organisé à la fois par SOS Racisme et par l’Union des étudiants juifs de France. Rassembler un juif et un arabe sur un plateau de télévision n’est pas évident, même s’il s’agit de faire rire.
Et vous avez des films en cours d’écriture ?
Oui deux, « L’incroyable mariage » et « les Fugueuses ». Je les ai commencé il y a 3 ans, et j’en ai peut-être encore pour 25 ans ! Je suis un gros bosseur mais je suis lent. En fait je crois que je suis né endormi !