Sara Ouaddadouch: Plus qu’une vétérinaire !
Mars. 2016 \\ Par Jérôme Lamy

Vétérinaire de formation, Sara Ouaddadouch porte, à la SOREC, la double casquette de vétérinaire livret et contrôle des chevaux de courses ainsi que celle de responsable de la formation des jockeys. Surtout, elle symbolise le poids des femmes dans l’essor de la filière équine et la parité dans les fonctions à responsabilité.

La SOREC ne pouvait rêver meilleure ambassadrice pour sa campagne de communication «Des métiers et des hommes». Déjà, la carrière de Sara Ouaddadouch véhicule le poids des femmes dans l’essor de la filière équine et annonce un message de parité dans les fonctions à responsabilité. Vétérinaire de formation et de métier, elle a dépassé les frontières de ses attributions pour devenir un acteur majeur des courses de chevaux, au Royaume. «Entrer à la SOREC, c’est s’ouvrir un champ des possibles dans l’évolution de sa carrière» confie Sara, qui porte, à la SOREC, la double casquette de responsable livret et contrôle des chevaux de courses ainsi que celle de responsable de la formation des jockeys.

Pourtant, rien ne prédestinait Sara Ouaddadouch à choisir cette voie. Surtout pas un quelconque atavisme quand son papa Moha, cadre dans les forces royales, enfilait son costume de pilote de chasse, quand Jamila, maman au foyer, veillait au bon déroulement des études de leur fille, élève brillante au Lycée - qui porte bien son nom - La Référence, à Meknès d’où elle est originaire.

N’empêche, son amour des animaux, sa bienveillance à leur endroit, son désir de les soigner l’a guidée, en 2007, vers l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II à l’instant de faire le premier grand choix de sa vie, celui des études secondaires. C’est là dans cette école référente dans les domaines de l'agronomie, la médecine vétérinaire, la topographie et l'industrie agro-alimentaire qu’elle découvre le microcosme des courses de chevaux. «Ma thèse de doctorat portait sur l’élevage des chevaux de courses» confirme Sara. «L’immersion dans la filière équine a sonné comme un révélateur. J’ai eu vrai coup de coeur.»

Assez forte pour répondre, en 2013, une fois son diplôme en poche, à une offre de la SOREC qui cherchait un vétérinaire. «Staffée» après le premier entretien, Sara Ouaddadouch intègre une équipe dédiée au développement de la filière équine et à la structuration des courses hippiques. ça tombe bien, depuis sa thèse sur l’élevage des chevaux de courses, Sara fait montre d’une expertise rare et d’un grand professionnalisme. «Dès ma prise de fonction, la SOREC m’a confié des missions exaltantes» confie Sara qui assume notamment le contrôle sanitaire des chevaux avant les courses, les contrôles anti-dopage après les courses ou les dossiers d’accidents.

Sara Ouaddadouch parcourt tous les hippodromes du Maroc. Elle est de toutes les courses. Elle acquiert de l’expérience et force le respect des officiels.?«Travailler lors de tous les meetings, partout au Maroc, a été une chance unique pour moi» dit Sara. «J’ai pu me familiariser avec tous les éleveurs, les propriétaires, les jockeys. J’ai pu appréhender leurs besoins, leurs attentes, leurs problèmes. J’ai aussi acquis une vraie connaissance des chevaux, de leur niveau, de leurs habitudes, de leurs sensibilités...». Le costume devient trop étroit pour elle. Très vite, elle devient familière du quotidien des jockeys et s’occupe, naturellement, de leur assurance.

C’est là qu’est née l’idée de lui confier la formation des jockeys. Et si Sara Ouaddadouch participe désormais à l’élaboration du programme des courses, c’est cette mission éducative qui mobilise son énergie et sa détermination. Inaugurée en septembre 2015 dans les murs prestigieux de l’Institut National du Cheval Prince Héritier Moulay El Hassan, à Rabat, l’école des jockeys offre une formation diplômante à seize élèves cavaliers, âgés de 15 à 18 ans, dont la limite de poids est fixée à 54 kg.  «Nous proposons aux élèves un environnement privilégié et nos outils de travail sont au niveau des meilleurs standards internationaux» précise Sara. Et si la première session des élèves stagiaires - les premiers diplômes seront délivrés en septembre 2017 - a généralement des accointances familiales dans le monde du cheval, l’ambition est d’élargir le champ du recrutement au grand public. «Le développement des courses au Maroc est si important que c’est une obligation de former des jockeys» assure Sara qui ne cache pas que la prochaine session de septembre 2016 devrait atteindre le chiffre plafond de 32 élèves.

L’école des jockeys, qui a déjà noué des partenariats avec l’OFPPT, dispense 70% de cours pratiques pour 30% de théorie.?Enseignement général en mathématiques, français et arabe, code des courses ou hippologie, la première année; formation de suivi alimentaire pour les jockeys, de soins vétérinaires, de débourrage, lors de la seconde année, rien n’est laissé au hasard pour la réussite des élèves et de leur future carrière.

Le casting des professeurs et des intervenants répond aussi à une exigence d’excellence. Si de nombreux jockeys internationaux dispensent régulièrement leurs conseils lors des journées portes ouvertes, c’est David Bouland, ancien jockey numéro 1 au Qatar où il courait pour l’écurie vedette du cheikh Abdullah ben Khalifa al-Tahni - il a été sacré six fois cravache d’or et a notamment remporté la President Cup à Abu Dhabi - qui occupe le rôle capital de formateur technique à l’équitation de courses.

Surtout, c’est toute la filière courses qui accompagne et encourage l’heureuse initiative de la SOREC. «Il faut également saluer la grande contribution des propriétaires d’écurie de courses qui apportent un authentique soutien» se félicite Sara Ouaddadouch. «Ils ont immédiatement joué le jeu en permettant à nos élèves de s’entraîner régulièrement avec leurs chevaux de courses au contact de leurs meilleurs jockeys. Inutile de préciser que ces mêmes propriétaires de casaques sont appelés à être les premiers employeurs de nos futurs lauréats.»

Et Sara Ouaddadouch assurée de faire une grande carrière...