Omar Lakjal, l’ascension du gamin de Chtouka
Avril. 2016 \\ Par Fouad Belkouch

Les histoires d’amour finissent mal en général. Celle d’Omar Lakjal, avec le monde des courses, a surtout mal débuté. Omar se souvient très bien de cette première course disputée, en février 2014, sur l’hippodrome Lalla Malika, à El jadida. Il se souvient de son cheval, Wakila, qui l’a éjecté de sa selle en s’écartant du tracé officiel.

Il eut été difficile que sa carrière démarre plus mal. Il aurait pu raccrocher la casaque, passer à autre chose. Mais c’était sans compter sur sa détermination . «J’avais tellement honte de moi, je n’ai pas dormi deux nuits de suite, mais je n’ai pas baissé les bras» précise-t-il.

Dire qu’il a eu raison de les relever est un euphémisme. Omar Lakjal a, en effet, été sacré vice-champion du monde des jockeys apprentis, après sa 2e place dans la finale du Championnat du monde de Sheikha Fatima Bint Mubarak, à Abu Dhabi. La prouesse du plus jeune jockey de la course (16 ans), montant  « Hanouf », confirme sa troisième place, à Varsovie, lors du début de son odyssée mondiale sur l’hippodrome Sluzewiec et sa sixième place, à Tarbes, lors du Prix Fleur d'Avril.

Né à Chtouka en 1999, benjamin d’une fratrie de 7 enfants (4 frères et 2 sœurs), Omar a commencé à monter à cheval depuis sa tendre enfance, bénéficiant d’un environnement familial propice. L’ardeur d’Omar pour les équidés a, en effet, été entretenue depuis son jeune âge, par son père Mohammed éleveur d’une soixantaine de pur-sang anglais et d’arabes-barbes.

Adolescent souriant, calme et d’une grande gentillesse, le gamin de Chtouka est déjà un vieux briscard. Il avoue, avec beaucoup d’humilité et d’insouciance, qu’il sait vouloir devenir le plus grand jockey du Maroc, depuis son dixième anniversaire. «Je vise l'élite mondiale de courses de plat» poursuit-il. Omar aime replonger dans ses souvenirs d’Abu Dhabi, la course la plus importante de sa carrière. « Je ne m’attendais pas du tout à terminer 2e» confie-t-il. «A l’arrivée, j’étais ému et au bord des larmes car rien ne me prédestinait à devenir jockey. Au fond, je ne faisais que rigoler.»

Ce sont ses adversaires qui ne devraient plus rire beaucoup.  Et si le calendrier des courses hippiques 2016, n’est pas encore totalement arrêté, Omar affiche d’ores et déjà ses ambitions. «Cette année sera encore plus dure car je devrai confirmer» dit-il. «Je vais rester très concentré pour ne pas décevoir ceux qui me soutiennent notamment la SOREC qui m’a fait confiance et m’a aidé pour le Championnat du monde».

Et s’il espère secrètement que les grandes écuries du Royaume lui donneront sa chance, Omar ne jure pour l’instant que par son père qui est aussi son entraineur. «J’ai du temps devant moi, avant de penser à l’écurie qui va me parrainer » avoue ce grand fan du Wydad de Casablanca.

En 2016, il suivra les conseils de la SOREC et ira régulièrement travailler sa monte sur le simulateur de l’école des jockeys (voir page 81). Il n’abusera pas, en revanche, du tagine de poulet au citron, son plat préféré, pour conserver son poids de forme (49 kg pour 1m58). Il préfèrera se repasser en boucle Kung Fu Panda, son film fétiche, ou ses exploits d’Abu Dhabi pour marcher sur les traces de la star des jockeys belges, Christophe Soumillon, son modèle.