Nikola Parienty tient le rôle de sa vie
Le succès est parfois une histoire de calendrier. Parfois de rencontre. Toujours de talent. Pour Nikola Parienty, qui a triomphé ce printemps à Paris et cet été en Avignon dans 17 fois Maximilien, il y a un peu de tout cela.
C’est la comédie musicale Rabbi Jacob, dont il a été la grande révélation, qui a tout déclenché pour Nikola. Déjà, son talent, son charme, son charisme, son magnétisme et sa voix ont escorté les belles soirées du Palais des Congrès.
Car n’en déplaise à certains, malgré les critiques qui se sont abattues sur le spectacle de Timsit comme la misère sur le tiers-état, Rabbi Jacob a été un franc succès populaire avec pas moins de 99.000 entrées payantes. “C’est pourquoi j’en veux à la production de ne pas avoir été capable de monter une tournée à Montréal et en province” précise Nikola, qui n’a pas tout perdu en quittant le costume de Fares. Loin s’en faut !
Une belle amitié avec Marianne James, qui a même tracté pour lui le 21 juillet dernier dans les rue d’Avignon sous l’oeil des caméras médusées, et des retrouvailles avec Michael Lamblin, son ancien agent chez Art Media, qui a assuré le mécénat de 17 fois Maximilien en Avignon, ont paraphé l’expérience Rabbi Jacob. “Michael Lamblin, c’est la personne que je rêve de rencontrer depuis mes débuts” confie Nikola. “Il croit en moi avec une force et une énergie que je n’avais jamais ressenties.”
En septembre 1999, Michael Lamblin, qui s'occupe également aujourd’hui de Victoria Abril, avait tapé du poing sur la table chez Art Media avant de lancer :” Vous êtes fous de laisser filer Nikola Parienty: dans dix ans, ce sera une star.” Si le nom de Nikola Parienty pourrait s’inscrire en haut de l’affiche à la rentrée, c’est grâce à Richard Charest, Sliman dans Rabbi Jacob.
En occupant la même loge au?Palais des Congrès sur les conseils de Timsit, les deux ouailles ont créé des liens indéfectibles. Et c’est lors d’un apéro aux Bistrot des Têtes Brûlées, rue Tiquetonne, qu’est né 17 fois Maximilien, l’histoire d’un acteur qui se lance, avec gourmandise et bêtises, dans une thérapie imaginaire pour faire comme tout le monde. Un vrai one-man-show, magnifiquement écrit par Richard Charest, l’époux de Marie Fugain. “On ne peut pas s’ennuyer une heure en écoutant et regardant Nikola Parienty” dit Richard Charest. “Si c’est le cas, c’est le texte qui n’est pas à la hauteur.”
Force est de constater que le texte, fin, drôle, subtil, intelligent, tonique, moderne, s’attaque à des sujets déjà visités, sans jamais tomber dans le pathos ou le déjà vu. On ne sait pas si c’est Nikola Parienty qui est la hauteur du texte ou si c’est l’inverse, on sait seulement qu’il faut absolument voir 17 fois Maximilien.
Il y a un peu de Nikola Parienty, de sa phobie des odeurs, de sa sensibilité - “Comme Max j'ai fait pipi au lit jusqu’à 13 ans” sourit Nikola -, il y a un peu de fiction, il y a surtout du bonheur. Un vrai partage: on passe du rire aux larmes d’une réplique à l’autre. Le comédien ne laisse personne indifférent: il capte l'assistance, s’accapare chaque spectateur avec sincérité.
La relation fusionnelle avec le père qui escorte la vie de Nikola est aussi un des fils rouges du spectacle. Il y a cette tirade qui sonne comme une fulgurance : “Le nougat, c’est dur, c’est froid, comme lui (le père), et pourtant avec un peu de patience, un peu d’effort, on parvient à le réchauffer, et là doucement, tout doucement, il s’attendrit. Il devient plus goûteux, plus malléable. Il se dévoile et c’est à ce moment précis qu’on réalise à quel point c’est délicieux. Le nougat, ça s’apprivoise, comme mon père.”
Impossible de quitter les lieux sans être touché, sonné, sans espérer devenir son ami, son confident, son amant... “Je n’oublierai jamais la standing ovation lors de la première à l’Espace La Comedia” dit Nikola. “J’avais peur de me décevoir, de décevoir Richard, peur de ne pas restituer les 75 pages de conversations...” Le soulagement est aussi grand que la préparation a été courte: pas de répétition sauf quelques scènes dans l’ appartement de Nikola, rue Tiquetonne. “C’est le rôle cadeau qu’on peut ne jamais avoir dans une vie d’artiste” avoue Nikola. “C’est ma plus belle carte de visite. Si tu veux savoir qui je suis, ce que j’ai dans le ventre, regarde Maximilien. C’est la première fois que je fais l’unanimité. Avant je n’avais jamais entendu de compliments. J’en ai besoin comme tout le monde. C’est un sentiment bizarre.”
Celui qui a déjà collaboré avec Madonna ou Jean-Paul Gaultier, qui rêve de travailler avec Yamina Benguigui, confesse volontiers un côté narcissique. “J’ai besoin de plaire, que mon travail soit reconnu. Je suis persuadé que j’ai un truc”.
Et celui qui pourrait être la vraie star de la rentrée de conclure en paraphrasant son spectacle: “Le pire n’est jamais décevant. Eh bien vous savez quoi? Je ne suis pas déçu...”