My name is Nikola Parienty
Novembre. 2008 \\ Par Jérôme Lamy

Formidable Farès dans Rabbi Jacob, Nikola Parienty est un artiste inclassable. Il n’appartient à aucune famille. C’est juste un artiste complet, un mec bien, cabossé, charismatique, magnétique et bienveillant. Rencontre.

Difficile de comparer Nikola Parienty avec un personnage réel ou de fiction. Il est unique comme le sont son physique, sa voix, son regard. Il est anguleux comme les contours de son visage. Tout le contraire du mec lisse. Ses aspérités, qui transpirent immédiatement chez lui, constituent son plus sûr écueil et son plus formidable atout.
Retoqué hier des castings pour sa différence prégnante et étonnante, condamné à une vie artistique en éclipse, il entre aujourd’hui dans la lumière. C’est Patrick Timsit et Julien Courbet qui ont transformé son ciel clair obscur en bleu azur, le premier, en lui offrant le costume de Farès pour la comédie musicale Rabbi Jacob, à l’affiche du Palais des Congrès jusqu’au 30 novembre et le second, en lui confiant les clefs de sa nouvelle émission Je suis timide mais je me soigne sur Direct 8. “Depuis dix ans, j’entends dire sur tous les castings que je suis trop spécial” dit Nikola. “Là, Timsit et Courbet m’ont juste dit de ne rien changer et de rester moi-même.”
En pôle position pour remplacer Raphaëlle Ricci comme prof’ d’expression scénique de la StarAc, il a encore été coiffé sur la ligne d’arrivée. A l’aune de la déconfiture actuelle du programme de téléréalité, on se dit que ce n’est pas forcément ce qui lui est arrivé de pire... “Les dirigeants de TF1 ont toujours dit que j’allais effrayer la ménagère, moi je leur dit simplement que je vais peut-être effrayer la ménagère une minute mais que la minute suivante, elle m’invitera à dîner.”
A ceux qui sont réfractaires au profil Parienty, il ne leur serait que trop conseillé de faire une pause au Palais des Congrès pour assister aux dernières représentations de Rabbi Jacob. Déjà pour tordre le cou à la bien-pensance de gauche qui ensevelit la comédie musicale dans un mélange de fiel et d’acide alors que les fulgurances de Marianne James - “c’est une camarade de jeu merveilleuse de générosité” - dit Nikola, les facéties d’Alex Métayer et les musiques de Vladimir Cosma sont autant d'invitations à passer un moment réjouissant et divertissant. Mais aussi pour découvrir un Farès plus vrai que nature, un Farès porté par une voix rocailleuse et ténébreuse et une présence magnétique, un Farès qu’aurait adoré Gérard Oury, le réalisateur du film culte. Aujourd’hui, ce sont les enfants qui adorent Farès. Il suffit d’attendre Nikola Parienty, à l'issue d’une représentation Porte Maillot, pour comprendre combien les jeunes têtes bouclées ont “kiffé” le garçon. “J’ai essayé de donner à Farès une note touchante et drôle, un peu zinzin.” Et les enfants adhèrent autant que les adolescentes qui rêvent d’un grand frère ou d’un fantasme inavoué, d’un homme cabossé, sorte de baroudeur tendre.
Ce serait un mensonge de dire qu’on peut lire dans Nikola Parienty comme dans un livre ouvert, mais on imagine très vite que la vie a laissé quelques stigmates et que son goût pour l’introspection et la psychanalyse sont autant une forme d’intelligence qu’un impérieux besoin de se trouver. De comprendre un parcours tortueux où Nikola aurait pu se perdre. “Je bois, je fume, j’ai une hygiène de vie dégueulasse” dit cet ancien prof’ d'aérobic sans ambage et sans provocation. “Je suis un frimeur. J’aime me faire brûler par la vie, par le soleil. D'ailleurs, je ne me suis jamais considéré comme un blanc.”
Il ne se considère pas pour autant comme un homme de couleur. Dans son monde, le manichéisme voisine avec l’ennui. Il n’y a pas deux couleurs mais un arc-en-ciel de palettes à explorer. Et Nikola les a toutes essayées. “Et je l’assume” sourit-il. Ancien bègue donc grand timide, ancien opérateur de téléphone rose, il a aussi tâté du porno et arrondi ses fins de mois avec des films érotiques. C’est dans l’un deux que Jean-Paul Gauthier l’a repéré pour un défilé. “Madonna m’a connu sans jamais me rencontrer...” dit-il mystérieux.
Nikola Parienty a tellement porté de casquettes que le risque est immense d’être campé pour un vendeur de casquettes. C’est surtout un artiste complet, qui vient de terminer son premier album. A la recherche d’un label, il a néanmoins enregistré le clip de sa chanson Combien de lunes? (1) avec le grand réalisateur chilien Gaspar Zurita, qui devrait lui confier un rôle dans son prochain long métrage. Il sera aussi sur France 3 à Noël, dans Piège de Star, produit par Frédéric Joly où il jouera le complice de Thierry Lhermitte.
Dans cet emploi du temps surchargé, il trouve le temps et l’énergie de s’occuper de son cours de théâtre au centre de danse du Marais qu’il a monté avec Mya Frye. “Je ne pense pas pouvoir être un artiste tout le temps” lâche-t-il. “Je serais déjà content d’être un bon artisan. C’est pourquoi j’ai toujours de super contacts avec ceux qui sont mal considérés par les productions, les techniciens, les machinistes, les danseurs. D’ailleurs, je veux vraiment louer le talent des danseurs sur Rabbi Jacob, qui savent non seulement danser mais aussi chanter. J’ai souvent souffert d’un manque de considération. Et je ne suis pas du genre à oublier d’où je viens...”

(1) A visionner sur www.myspace.com/nikolaparienty
Retrouvez aussi son actu sur www.nikolaparienty.com

 

INTERVIEW DÉCALÉE

Si tu étais une couleur ? Le rouge, c’est chaud.
Une saison ? L’été, on transpire.
Un pays ? L’Espagne, c’est rouge et on transpire.
Une ville ? New-York et ses vibrations incomparables.
Un moyen de transport ? Ma décapotable que j’ai explosée le jour où j’ai rencontré Timsit.
Une boisson ? Le champagne, c’est la fête.
Ta dernière crise de rires ? Quand j’ai appris que la production de Rabbi Jacob n’avait pas offert de programme, malgré son engagement, à la journaliste de France 3 que j’ai fait venir par mes propres moyens.
Ta dernière colère ? L’interdiction de fumer ! C’est inadmissible que les bars n’aient pas le choix de se déterminer.
Un trait de caractère ? Énergique.
Un film culte ? Tout sur ma mère d’Almodovar.
Un objet ? Un bélier pour défoncer les portes qu’on prétend ne pas pouvoir ouvrir.
Ta qualité préférée chez une femme ? Le courage: les femmes ont une longueur d’avance sur nous..
Ce qui est rédhibitoire chez une femme ? La mauvaise haleine.
Si tu pouvais changer quelque chose dans ton physique... J’ai mis tellement de temps à accepter mon physique que je ne peux pas imaginer être autrement, aujourd’hui.
La partie de ton corps que tu préfères? Mes pieds.
Le talent que tu voudrais avoir? Chanter en espagnol.
Ton premier CD ? Marvin Gaye, What’s going on.
Dernier CD ? Donna Summer.

 

 

“Je suis le nouveau joujou de Courbet...”
Coach dans la nouvelle émission de Julien Courbet sur Direct 8 Je suis timide mais je me soigne, diffusée tous les vendredi à 22h30, Nikola Parienty ne tarit pas d’éloges sur son producteur. “Humainement, il y a quelque chose d’étonnant et de joli chez Julien Courbet” dit-il. “En plus, c’est un homme de parole. Dans ‘Je suis timide mais je me soigne’, je suis complètement en accord avec moi même. Mon rôle, c’est d’être le coach pour permettre aux candidats de se dépasser en fixant des défis. Je me sers des techniques du théâtre et de la psychanalyse pour aider les participants. Mon souci permanent, c’est de rester bienveillant et de les accompagner après la diffusion du programme.”
Il se murmure que Vincent Bolloré, le patron de la chaîne, aurait été séduit par les premiers pas de Parienty...