Moscato en haut de l'affiche
Décembre. 2010 \\ Par Jérôme Lamy

Vincent Moscato triomphe chaque soir au Théâtre du Gymnase en revisitant à sa sauce acidulée et cocasse le monde du sport dans son Moscato One Man Chaud. A l’affiche jusqu’au 1er janvier, l’ancienne gloire du rugby reviendra sur les planches le 14 février pour une représentation exceptionnelle. Le présentateur vedette de RMC sera également à l’affiche, dès le 12 janvier, du film de Philippe Guillard, le Fils à Jo aux côtés de Gérard Lanvin. Rencontre avec un homme pressé.

Marre des naïades carrossées! Foin de ces lascives comédiennes ! Assez de ces petites pépées poudrées à la bouche en cul de poule ! Exit encore ces dangereuses femelles tricotant des jambettes et roulant du popotin !
C’est décidé : en cette fin d’année de grâce 2010, nous virons radicalement notre cuti pour vous présenter un dur à cuire, terreur des aires de rugby ou des rings de boxe, un gouailleur défroqué qui fait quotidiennement ses « Show » sur les antennes de RMC puis, le soir venu, sur les planches du Petit Gymnase, sur les Grands Boulevards, dans son Moscato One Man Chaud à l’affiche jusqu’au 1er janvier et de retour pour une représentation exceptionnelle pour la Saint-Valentin. Mesdames, voici l’Homme et ses magnifiques pectoraux dans un canyon de poils : Vincent Moscato.
Ne le saviez-vous pas ? Vincent est né dans le 14e arrondissement. C’est un réel «titi ». Un vrai de vrai, contrairement aux idées reçues faisant de lui un Sancho du Sud Ouest pour avoir posé son fessier, dur et noueux comme un cep de Gaillac, sur le même banc d’école que ce Don Quichotte de Bernard Laporte. Oui, l’ex Ministre des Sports et ami du Président : alias « Bernie le Dingue » ou « Eagle IV » (« Y gueule fort »).
Mais revenons à nos moutons rasés comme le crâne de l’éminence grise des rapetous quand, à leurs têtes, il rafle avec Bègles un titre de champion de France (1991), qu’il est viré d’un houleux France-Angleterre du Tournoi au Parc des Princes (1992), la veille de la descente olympique d’Albertville, qu’il affronte le double mètre Yacine Kingboo, sorti en cette occasion des Baumettes, pour un combat à Bercy qui ira à son terme. Ou enfin qu’il incarne Pompon, aux côtés de Gérard Lanvin, dans le Fils à Jo, le film de son pote Philippe Guillard, sur les écrans, le 12 janvier.
Moscato en « Une » de Clin d’Oeil : ça a de la gueule, ne trouvez-vous pas ?
Tiens, si on ne se retenait pas, on l’emmènerait boire un café en terrasse dans le quartier, au milieu des émules de Yul Brunner. Histoire de faire des jaloux, d’entretenir le doute, de faire jaser, d’être en harmonie avec la population et dans l’air du temps de la libération sexuelle.
Mais arrêtons de rêver : il vient de refaire sa vie (avec une pulpeuse blonde à la tête bien remplie) et a choisi le 16e arrondissement pour abriter ses nouvelles amours ; son temps est par ailleurs compté comme ses cheveux.
Rendez-vous compte : on vous offre quatre héros pour le prix d’un (dans un gratuit…) en attendant mieux. Qui, le talonneur international au crâne de tortue. Qui, le boxeur au neuf combats suant sous les sunlights. Qui, le caustique animateur, parfois consultant. Qui, le comédien de 36 Quai des Orfèvres et d’Astérix aux Jeux Olympiques. Un pédigrée à faire pâlir de jalousie Patrick Sébastien le grand transformiste!
Il s’est même fait passer pour un pâtissier à Brive, comme ce jour où on l’aligne à un poste (pilier) qui n’est plus à son goût. Après avoir égrené les noms des titulaires en prélude à l’entraînement, l’entraîneur voit, avec stupéfaction, Moscato se rhabiller. « Mais Vincent, et la séance… ?». Et notre gaillard de ne pas se démonter. «Désolé, mais j’avais oublié : je ne serai pas des vôtres, dimanche, car je suis d’anniversaire… et c’est moi qui fait le gâteau».
Vincent a toujours fait son show. Sans retenue et dans le vif de la couenne. Il est vrai qu’avec une telle tronche et un tel nom, c’est plus facile d’attirer le badaud. «Sûr que si tu t’appelles René Bichon, c’est plus problématique de faire le « René Bichon Show » à la radio ! note-t-il. «Ca sonne moins bien ». Et ce serait moins décapant…
Place maintenant à l’analyste. Le théâtre ? « C’est un moment de vie en instantané, un travail de rigueur ». Le cinéma ? : «C’est une partition qui ne t’appartient pas, un travail disséqué ».
Le rugby : «Quand on ne joue plus, des souvenirs et des manques, essentiellement». La boxe : « C’est comme un One Man Show : quand tu prends une branlée, tu couines même si tu ne veux pas te l’avouer. C’est un milieu déstructurant pour l’ego ». Et, sur ce dernier point, pas question d’avoir le melon. « Je suis peut-être un peu plus connu que mon concierge, tranche-t-il, mais j’ai toujours envie de bosser, faire le con avec mes potes et de prendre une murge, Chez Nounours, rue Princesse.» Vincent Moscato a beau évoluer dans un monde artistique, il n’a pas forcément la légitimité qu’il avait sur un terrain de rugby. « Si je ne fais pas partie du sérail classique, j’y rentre. Mais ce ne sera jamais mes origines, glisse-t-il. On parle d’école du théâtre, d’école de cinéma mais est-il sérieux d’appeler « école » un endroit qui engendre 90 % de chômeurs ? Non, l’école est en toi : par la multiplication des représentations qui vont te rendre plus précis dans ton jeu ».
Comme dans cet art, dit noble, de la boxe. Pareil également au cinéma où il se nourrit de textes d’Audiard, de Gabin ou de Ventura, de la qualité d’un Tarantino et de « la précision dans la minutie » d’un Francis Weber, « un type rare, ma plus belle rencontre ».
Vu cet éclectisme à tout crin, dans l’excès et dans le poussif, le fantasme inavoué de ces dames n’est-il pas en train de muer en personnage public, susceptible de mettre son grain de sel sur tous les sujets brûlants de notre quotidien ? Un BHL du pauvre ? Que nenni !
La politique, c’est pas pour demain. «L’avis de tous ces pseudo-philosophes qui se pavanent pour un oui ou pour un non est des plus inintéressant. Tu en connais toi des gens pour la violence dans les banlieues, se marre-t-il. Et ces malins soucieux de résorber le trou de la sécurité sociale, n’en trouve-t-on pas 10 dans chaque PMU de quartier. On donne trop la parole aux sportifs ou gens du spectacle. Mais franchement, qui est vraiment formé pour parler sérieusement des retraites? Les gens connus ont un avis sur tout. Ils ont surtout un avis... ».
Rester en première ligne, « pour de réelles étreintes », loin de toute expression de masturbation intellectuelle, restera toujours le credo de notre avant (-gardiste) que l’on devrait rapidement voir derrière la caméra. Clap ! Pour de nouvelles aventures…