La nouvelle vie des Voûtes Saint-Honoré
Jean-Jacques de Passorio a eu plusieurs vies. Les Voûtes Saint-Honoré, dont il assure l’animation depuis 2004, aussi. Les valises qu’il porte avec élégance sous les yeux et quelques rides ici et là sont l’héritage du temps qui passe et qui a rempli jusqu’à déborder une vie d’épicurien qui s’assume. La lumière dans le regard, la voix rocailleuse et chaude de l’homme, sa bonhommie communicative et son charisme invitent à briser la glace autant qu’au tutoiement rapide.
Avant de poser sa main sur le destin des Voûtes Saint-Honoré, JJDP a bourlingué. Dans la mode, tout d’abord. Quarante ans aux côtés de Daniel Hechter, Jean Cacharel - qui font toujours partie de son cercle d’intime -, chez Biderman ou Marité et François Girbaud ont marqué d’une trace indélébile ce Niçois bon teint, né dans les années 40. “J’ai 68 ans sans lifting” précise-t-il dans un éclat de rire.
C’est à Cannes où il passa ses premières années d’adulte qu’il rencontre Jean Cacharel. C’est le temps des premières boutiques à Nîmes et bientôt celui du chemin vers la capitale où Cacharel doit se faire une place au Royaume de la mode. Jean-Jacques a 25 ans, un amour immodéré pour la vie, la nuit, la fête et les femmes. “J’ai mis quarante ans pour trouver la plus belle, la femme de ma vie et enfin l’amour” confie Jean-Jacques au sujet de Christine, gérante des Voûtes Saint-Honoré et responsable des relations avec la presse.
Jean-Jacques de Passorio offre deux visages et autant de tentations. Il y a le Jean-Jacques jet set, celui qui a “teufé” à Saint-Tropez, Berlin ou Ibiza avec son ami Serge Uliel. “J’ai des souvenirs éphémères de ces années-là” dit JJDP. “J’ai eu la vie de tous les hommes avec beaucoup de hauts et beaucoup de bas. Aujourd’hui, j’ai l’âge de la sagesse, de la tranquillité et pourquoi pas de la sérénité. “
Il y aussi le Jean-Jacques solitaire et aventurier qui a vécu, en Inde, avec les Intouchables - un groupe d'individus exclus du système des castes régissant la société indienne, appelés enfants de Dieu par Gandhi -, et, deux mois durant, avec les Massaï entre le Kenya et la Tanzanie, se nourrissant de plantes, de laitages et de sang. “Le rite de circoncision est quelque chose de vraiment très fort” dit Jean-Jacques. “Chaque jeune devait tuer un lion avant sa circoncision pour acquérir célébrité et prestige.”
Jean-Jacques de Passorio n’a jamais cherché les honneurs. C’est en toute discrétion qu’il a pris la direction des Voûtes Saint-Honoré en 2004. Il a fallu beaucoup d’énergie et débourser 300.000 € pour transformer le 99 de la rue saint-Honoré sans dénaturer son âme. Celle des Halles quand l’adresse était une mûrisserie de bananes, qui arrivaient à tirage de charrette depuis les bateaux du Havre avant d’être suspendues à des crochets toujours visibles.
200 m2 de cave voûtée au charme suranné, lieu haut de gamme, confidentiel et discret, service aux petits oignons, environ 7 mètres de hauteur sous plafond, une acoustique parfaite: les Voûtes Saint-Honoré sont une invitation à s’oublier. Si Olivia Ruiz y organise régulièrement des show case, l’adresse est devenue référente dans l'événementiel locatif (mariage, enterrement de vie de jeune fille, anniversaire...). “Jacques, le patron du Com’antes, m’a donné de précieux conseils car je ne connaissais pas grand-chose au monde de la nuit quand j’ai pris la direction des Voûtes” confie JJDP.
Aujourd’hui, les Voûtes sont à l’orée d’une nouvelle vie, à l’image du fumoir qui est actuellement en travaux. A l’instant de faire entrer un actionnaire comme autant de sang neuf dans la structure, Christine, très jolie femme à l’élégance prégnante, veut développer le clubbing et les After Work. Si le 99 conservera sa vocation d'événementiel les lundi, mardi, mercredi et dimanche, l’After Work sera à l’honneur tous les jeudis quand le clubbing s’installera les vendredi et samedi.
Si JJDP, ami intime de Gérard Pélisson, le co-fondateur du Groupe Accor, veillera toujours sur les Voûtes comme on veille un enfant qui grandit, il profitera de l’évolution des lieux pour prendre un peu de recul et se consacrer à la société Liberty-House, qui fabrique des maisons en bois 100% écolo. “Je ne conçoit pas la retraite” dit-il. “Je vieillis avec une très grande sérénité. Je sais que le temps passe mais cela ne me fait peur. Rien ne me fait peur. J’ai appris à me battre...”
Les Vôutes Saint-Honoré
99 rue Saint-Honoré - 75001 Paris