Jamel Debbouze : Un homme comblé triomphe au Marrakech du Rire
Juillet. 2019 \\ Par Hervé Meillon

AVANT D’ETRE UN GRAND ARTISTE QUI A TRIOMPHÉ, EN JUIN, LORS DE LA NEUVIEME EDITION DU CÉLÈBRE MARRAKECH DU RIRE, MAGNIFIQUE PLATE-FORME DE L’HUMOUR ET PHARE INCONTOURNABLE DANS LE PAYSAGE CULTUREL MAROCAIN, JAMEL DEBBOUZE EST UN MARI COMBLÉ ET UN HEUREUX PAPA-POULE. LE CHOIX DES PRÉNOMS DE SES DEUX ENFANTS, IMMERGÉS DANS UNE DOUBLE CULTURE, A NEANMOINS DIVISÉ LA FAMILLE. AVEC HUMOUR !

Heureux en amour et heureux sur scène: Jamel Debbouze n’a rien laissé en chemin. Il a le beurre, la fermière et tout ce qui va avec ! Un peu plus d’un mois avant de triompher lors de la 9e édition du Marrakech du Rire (12 au 16 juin), Jamel Debbouze avait publié, le 8 mai dernier, un tendre message sur instagram à l'attention de son épouse, la journaliste Mélissa Theuriau, afin de célébrer leurs onze ans de mariage :  «I love her 3000 #11ans», a-t-il écrit en légende d'un cliché de lui et de son épouse front contre front.

Un amour qui résiste au temps qui passe. Voilà onze ans que Jamel Debbouze et Mélissa Theuriau sont mariés. L’humoriste de 43 ans et la journaliste de 40 ans s'étaient rencontrés sur le plateau d’«Astérix aux jeux olympiques», en 2007. Un vrai coup de foudre puisqu'ils s'étaient mariés un an après, le 7 mai 2008 ! La même année, leur premier enfant, le pimpant  Léon naît le 3 décembre 2008, puis une petite fille, tout aussi adorable, Lila Fatima, a fait le bonheur des parents le 28 septembre 2011.

Aujourd'hui, Jamel est l’heureux papa de deux enfants, âgés de 10 et 7 ans. Ses enfants sont liés par deux cultures et par l’amour de leurs parents. Dans une interview donnée à Sept à Huit, l’émission hebdomadaire du dimanche de TF1, l'humoriste se confie sur son rôle de père de famille: «Personne n'est prêt à tomber sur des petits êtres qui te ressemblent, qui ont les mêmes caractères morphologiques et surtout la même mécanique mentale. C'est le plus troublant.»

Quand Jamel Debbouze et son épouse accueillent leur premier enfant, ils décident de le prénommer Léon. «Par amour pour ma femme. Son grand-père s'appelle Léon, il était mal en point au moment où Léon est arrivé. C'est venu naturellement», explique l'humoriste. Il décrit l'étonnante réaction de ses proches lorsqu'il leur a annoncé ce prénom. «Ma mère, ça l'a bousculée. Elle m'a dit : «vous allez l'appeler Léon, tous les jours»? Je lui ai répondu : «Oui». Mon père m'a dit : «Léon c'est très beau. Moi personnellement, je l'appellerai Ali.» Je n’en ai rien à foutre de ces conneries. Beaucoup de gens ont pensé que je trahissais d'une certaine manière qui j'étais mais je suis qui moi ? Je suis né ici » sourit Jamel.

Trois ans plus tard, le couple accueille son deuxième enfant. La petite fille se prénomme Lila et porte comme 2e et 3e prénoms, Fatima et Brigitte, le nom des mamans de Jamel et Mélissa). « C'est une manière de leur dire : Soyez fières, vous êtes plusieurs à l'intérieur», justifie avec considération l’humoriste.

Jamel Debbouze se confie plus largement sur son rôle de père et sur l'éducation donnée à ses enfants. «Maintenant, je mets même ma ceinture de sécurité et je fais attention à ce que je mange. Je ne prends plus de risques inconsidérés. Je veux passer un maximum de temps avec eux. C’est moi qui m’occupe des devoirs et je vais aux réunions de parents. Mon fils ne voit pas qu'il a de la chance. Il marche avec sa chance, il croit qu'il y a de la chance partout autour de lui. C'est normal pour lui, il est né avec ça», assure-t-il. Avant d’ajouter : «J'ai envie qu'il ait la meilleure doudoune pour pas qu'il n’ait pas froid, j'ai envie qu'il ait les meilleures baskets».

Lorsque Jamel parle de son père, il exprime une grande admiration. Et pardonne volontiers les maladresses de cet homme qui arrivant du Maroc a dû tout construire, en France. Une complicité est née entre les deux hommes, ils se parlent beaucoup plus qu’avant. « Mon père a beaucoup plus d’affection qu’avant mais il ne faut pas déconner, il ne me dit quand même pas : «je t’aime». Mais à mes enfants, il le leur dit!»

A la question du choix sur la religion, Jamel avoue qu’avec son épouse, cela a été plus compliqué. « Lui couper le zizi, ça a été un sujet ! Pour Mélissa, c’était la guerre des étoiles.» La paix n’a pas tardé. Évoquant souvent leur relation fusionnelle, Jamel Debbouze ne tarit pas d’éloges sur sa femme. «Mélissa est très forte, j'ai fait la meilleure chose de ma vie en l'épousant» a-t-il confié,  en 2017, au magazine Version Femina. «C'est une mère formidable.»

Leur idylle en fait rêver plus d’un, à l’image de sa vie et du destin unique de cet artiste hors norme er de cet homme engagé.

Jamel Debbouze est né à Paris. Mais c’est dans la banlieue parisienne, à Trappes, qu’il passe sa jeunesse. Il est l’aîné d'une famille de six enfants. Il a construit sa réputation et sa carrière sur son humour, d'abord à la radio puis dans la série "H" de Canal+. En 2012, son one-man-show, Tout sur Jamel, remplit le Zénith de Paris.

Ses passages à la télévision ne laissent personne indifférent. Il fait rire mais sait aussi s’engager humainement derrière et au travers son rôle de trublion. Jamel est un humoriste qui fait rire, ce qui devient rare. C’est aussi un grand comédien. Si ses débuts sont un peu laborieux en 1992 dans le film de Nabil Ayouch Les pierres bleues du désert, le comédien Jamel est exceptionnel dans le cultissime film Le fabuleux destin d’Amélie Poulain’. Il s’affirme dans des productions comme Astérix et Obélix : mission Cléopâtre, ou Sur la piste du Marsupilami. Il est remarquable dans Parlez-moi de la pluie d’Agnès Jaoui et dans Indigènes.

Le film La marche, sur la condition des soldats nord-africains, a valu à ses acteurs le prix d'interprétation masculine à Cannes en 2006. Ce long-métrage dramatique de Nabil Ben Yadir, c’est Jamel Debbouze qui l'a coproduit. Ce film le positionne comme un grand. Il est aussi apparu récemment irrésistible aux côtés de son pote Kev Adams dans Alad’2.

Malgré sa carrière resplendissante, Jamel aime donner leurs chances à des débutants. Il fonde une scène libre pour le stand up à Paris : Le Jamel Comedy Club. En 2011, avec l’appui de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, il crée le Festival du rire de Marrakech, magnifique plate-forme de l’humour et phare incontournable dans le paysage artistique marocain.

Rarement, Jamel se confie sur son handicap. Il n’a pas envie de nourrir la condescendance du public. Son bras a été happé par un train alors qu’il avait quinze ans. Un de ses amis a laissé la vie dans ces jeux d’adolescence. Dans une interview accordée à Madame Figaro, Jamel va d'ailleurs, lui-même, aborder le sujet. « Dans la vie, on a tous vécu des choses plus ou moins dures : soit on les met dans sa poche, soit on les sort et on les affronte» dit-il. «Pendant des années, je cachais mon bras pour ne gêner ni moi ni les autres. Et puis ma femme ou mes enfants prenaient ce bras et le sortaient. Ils avaient raison : il ne faut pas nier les choses, il faut mettre des mots dessus. Qu'il s'agisse de handicap ou de racisme.»

Jamel voit la bouteille à moitié pleine et non à moitié vide. «Quand le médecin est venu et m’a appris que je ne pourrais plus bouger le bras, je lui ai demandé de me prêter un stylo» confie-t-il. «Je me suis immédiatement mis à écrire de la main gauche. Sans réfléchir, j’ai pris ma douleur à crédit. J’ai vu des gens qui ne pouvaient s’exprimer qu’avec leurs paupières. Là, je me suis senti très bien, très en forme. J’étais heureux de vivre, je n’étais plus handicapé.»