Jacques Boutault : dans le cartable du maire du 2e
Septembre. 2008 \\ Par Jérôme Lamy

Pour Clin d’orgueil, Jacques Boutault fait le bilan des événements politiques de l’été et jette les bases et les chantiers de la rentrée.

Clin d’Oeil.- Où avez-vous passé vos vacances?
Jacques Boutault.- J’ai fait de la randonnée dans les Pyrénées avec des amis catalans. Je suis plus montagne que mer surtout l’été.

Quel est l’événement politique de l’été?
L’événement politique de l’été a pris la forme d’un non-événement. Les Jeux Olympiques ont eu lieu à Pékin sans aucune manifestation ou geste symbolique de la part des sportifs et du public. Les commentateurs ont été envoûtés par le spectacle grandiose, sans faute, bien que cette apparente perfection était empreinte de tricherie et de trucage. L’état dictatorial a atteint son but. Tout a été écrasé par le spectacle : le massacre des tibétains, les exécutions sommaires, les atteintes aux droits humains, la liberté d’expression, l’arbitraire dans les régions reculées... Comme le dit Guy Debord, “le spectacle tient lieu de pensée.” Nous avons cru assister à un spectacle sportif mais c’est un événement politique, qui s’est déroulé sous nos yeux. Le centre de l’économie mondiale s’est déplacé des Etats-Unis vers la Chine. Pékin est devenue le moteur du monde, un nouvel empire a pris le pas sur l’ancien. L’écran de fumée olympique nous a bluffés.

Quel est l’homme politique de l’été?
Incontestablement, Barack Obama. Depuis son investiture chez les démocrates, il fait de plus en plus président des Etats-Unis. Sa victoire serait une bonne chose pour le monde en général et pour les Français en particulier. Entre Mc Cain, persuadé de la puissance dominante des Etats-Unis et Obama, militant d’un monde coopératif, le choix des électeurs américains sera lourd de sens. Et pas seulement parce qu’Obama est le merveilleux symbole de la planète multiple et diverse.
Etiez-vous favorable à la réforme des institutions?
J’étais favorable à une réforme des institutions qui garantirait le pouvoir du parlement mais pas celle qui a été votée car elle assure la présidentialisation du régime. Un seul exemple, le président a le droit de s’exprimer, quand il le désire, devant le parlement. Or ce dernier ne dispose d’aucun outil pour lui répondre.

Etes-vous favorable à une alliance des Verts avec Bové et Hulot dans l’optique des européennes 2009?
Je suis favorable à ce rapprochement à condition qu’il soit basé sur du contenu, sur un vrai projet des Verts pour l’Europe mais pas seulement sur un casting médiatique.
Olivier Besancenot est-il l’avenir de la gauche?
Besancenot pose souvent les bonnes questions mais il ne cherche pas à y répondre. Il refuse d’occuper des responsabilités politiques. Il ne veut faire aucun compromis. Il reste sur son Aventin. C’est le meilleur moyen de ne pas se salir les mains.

Quel est votre premier dossier de la rentrée?
Comme chaque année, et c’est une priorité pour moi, mon premier dossier est la rentrée scolaire. On vérifie que chaque enfant a bien été accueilli et que tous les travaux ont été terminés dans de bonnes conditions. C’est également à cette époque de l’année que l’on se bat pour les places en crèche...

Quels sont vos grands chantiers cette année?
Nous avons l’ambition de poursuivre et terminer l’aménagement du Sentier. Nous avons aussi l’intention de suivre de très près le dossier du réaménagement des Halles même s’il ne concerne pas directement notre arrondissement. Entre les certitudes de la Ville de Paris (maîtrise d’ouvrage) et celles des architectes (maîtrise d’œuvre), qui travaillent en vase clos, il serait temps que l’on écoute la maîtrise d’usage, à savoir les usagers, les riverains, les visiteurs et les salariés du Forum des Halles, qui  n’ont pas été assez entendus.

Comment comptez-vous peser sur le débat?
Le rapport écologistes/socialistes au conseil de Paris n’est pas en notre faveur. Ce sera donc plus difficile de se faire entendre que lors de la précédente mandature. Mais j’ai bien l’intention de participer à des réunions, notamment sur le devenir du jardin Lalanne, en essayant de dialoguer, de convaincre et pourquoi pas de faire bouger les lignes.?Je crois que c’est encore possible. En tout cas, je vais m’y employer avec force et conviction.

Quand sera décidé l’avenir de la Bourse?
Le maire de Paris a mandaté Eric Ferrand pour rendre un rapport sur l’avenir de la Bourse en janvier 2009. Je rendrai moi-même mes conclusions en décembre prochain. Je n’ai pas changé d’avis sur la question : je souhaite toujours transformer la Bourse en un lieu dédié aux nouvelles technologies et au développement durable. J’imagine ce lieu, notamment la nef, ouvert au public, au passage et les étages, dédiés à la formation et aux conférences. La Bourse deviendrait alors le vaisseau amiral de Silicon Sentier. Je milite aussi pour la suppression des barrières métalliques qui sépare la Place de la Bourse et j’invite les personnes compétentes à réfléchir sur un passage qui relierait la nef à la galerie Vivienne et qui ressortirait rue Notre Dame des Victoires. Toujours est-il que le bail d’Euronext se termine l’été prochain et que le délai me paraît court pour prendre pareille décision. On peut très bien imaginer que le maire de Paris prolonge de 3 ans le bail d’Euronext pour nous laisser le temps de prendre les bonnes décisions.