Jacques Boutault : "Ce n'est pas une revanche, c'est une réponse"
Mars. 2008 \\ Par Jérôme Lamy

Jacques Boutault a créé une des grandes surprises du premier tour des élections municipales parisiennes. En faisant jeu égal avec la candidate socialiste Sylvie Wievorka, le candidat vert a gagné le droit de mener la liste d’union de la gauche, au second tour. Désormais favori pour sa propre succession, J. Boutault parle de ses convictions, de sa conception saine de l’engagement politique et de ses projets pour mieux vivre dans le 2e. Il réfute l’idée d’un 2e, laboratoire des verts à Paris, et préfère parler d’une “vitrine de l’écologie moderne”.

Clin d’oeil.- On vous promettait l’enfer lors des élections municipales. Finalement, avec 29,9%, vous êtes le grand vainqueur d’un scrutin, qui aura plébiscité votre bilan. Etes-vous surpris?
Jacques Boutault.- C’est une bonne surprise. Je pensais faire un bon score mais peut-être pas un aussi beau résultat. Je suis donc ravi et je remercie tous les électeurs.

Avez-vous une explication?
Les électeurs ont reconnu le travail de terrain. J’ai toujours adopté une attitude tournée vers les concitoyens. J’ai une personnalité ouverte sur les autres. J’adore écouter, comprendre, trouver des solutions avec les gens, les aider à mieux vivre, les associer à nos décisions. C’est ça faire de la politique autrement. Les électeurs du 2e l’ont compris et ils ont fait preuve d’une belle intelligence citoyenne, loin des courants idéologiques formatés par les grands médias. C’est pourquoi je n’ai pas de temps à perdre avec les querelles d’appareils, les petites phrases blessantes.

Les attaques les plus fortes sont venues de Sylvie Wievorka durant la mandature et surtout pendant la campagne. Est-ce une revanche personnelle pour vous?
Ce n’est pas une revanche, c’est une réponse. Je n’ai  jamais cédé à la pratique de la petite phrase malsaine et de la suspicion infondée. Et les électeurs ont apprécié cette posture. Je n’avais qu’un seul objectif en tête: travailler pour ceux qui nous ont élus. Parfois, cela a été difficile. Quand on se fait taper dessus, on a envie de répondre. La meilleure réponse, ce sont les résultats. Les chiens aboyent, la caravane passe.
Vous allez à nouveau travailler avec le PS et Sylvie Wievorka, qui est en seconde position sur votre liste. Après les cicatrices laissées par la campagne, est-ce que cela est encore possible de diriger l’arrondissement ensemble?
De toute façon, cela n’a jamais été simple de travailler ensemble. Nous sommes dans une situation politique où chacun doit assumer ses responsabilités. On doit avoir un comportement adulte et exemplaire. Quand on fait preuve de jalousie et de concupiscence, on n’est ni adulte, ni exemplaire. Les problèmes se règlent dans les bureaux, pas devant les citoyens.
En tout cas, vous sortez clairement renforcé et crédibilisé de cette élection. Est-ce que cela va changer votre manière de diriger la Mairie?
Déjà, je tiens à préciser que je n’ai pas encore gagné. il y a un second tour à disputer et à remporter. Dans l’hypothèse d’une réélection, je ne changerai rien à mon comportement. On a tenu nos promesses depuis 2001 et les électeurs l’ont compris. Aujourd’hui, on va prendre d’autres engagements peut-être plus faciles à tenir. Car, on n’est plus dans une situation de rupture mais de continuité. Mon slogan de campagne “Continuons Ensemble” résume parfaitement mon état d’esprit. Aujourd’hui, les habitants du 2e connaissent nos convictions sur les modes de déplacement et notre approche sociale des débats. Nous allons porter une attention particulière aux plus démunis, aux places de crèche pour la petite enfance et aux problèmes du logement. Le temps est venu de peaufiner le projet de 2001, de le lisser. On a beaucoup demandé à nos concitoyens, on a parfois été contesté. Désormais, on tend vers une mandature plus apaisée.

On dit souvent que le 2e est un laboratoire vert. Est-ce vous aimez cette expression?
Non, elle m'agace. Les habitants du 2e ne sont pas des sujets sur lesquels on fait des expériences. Le 2e n’est pas un laboratoire, c’est un arrondissement exemplaire. Qu’il devienne la vitrine de l’écologie moderne, c’est peut-être plus juste ou plutôt un show-room comme on les aime bien dans le Sentier.

Est-ce que vous êtes devenu une star chez les Verts?
Ce n’est pas le cas, et ce n’est pas mon ambition. J’ai la ferme intention de garder les pieds sur terre. Je n’ai pas d’autres ambitions politiques que de servir les habitants du 2e. J’aime beaucoup le 2e et plus particulièrement le Sentier où je vis, où mes enfants grandissent. J’ai l’intention de m’engager durablement pour défendre les intérêts et la qualité de vie de ce bel arrondissement.

Est-ce qu’on se trompe si on dit que votre victoire est davantage un succès personnel, celui de votre équipe que celui d’un parti politique?
Ce n’est pas à moi de répondre à cette question. Si on regarde le score des verts sur l’ensemble de la Capitale et mon score dans le 2e, je ne peux pas vous donner tort. En tout cas, je préfère dire que c’est la victoire d’une équipe, qui travaille sans relâche au service de ces concitoyens.