Gérard Rivases : Gagner une course au Maroc est plus fort qu'à Chantilly !
Octobre. 2015 \\ Par Jérôme Lamy

GERARD RIVASES, JOCKEY STAR DU HARAS ROYAL LES SABLONS, AVEC SES 4000 VICTOIRES DES DEUX COTES DE LA MEDITERRANEE, SERA UNE DES TETES D’AFFICHE DU PLUS GRAND MEETING DE L’ANNEE, QUI REUNIRA LES 20 ET 21 NOVEMBRE, A L'HIPPODROME ANFA DE CASABLANCA, LES PUR-SANG ARABES ET ANGLAIS DE RENOMMEES INTERNATIONALES. PASSIONNANT.

Septembre. L’été s’étire sur Casablanca et le soleil lèche les Twin Towers avec une gourmandise non feinte. Il reste quelques jours pour s'alanguir au rythme des vagues, le long de la côte. Dans le quartier d’Anfa, Gérard Rivases, jockey star du Haras Royal Les Sablons, est déjà en piste, tour après tour, sur un hippodrome dont il connait les moindres contours, les moindres pièges. «Même en vacances dans ma cabane du Cap-Ferret, l'entretien physique est important» dit celui qui n’hésite pas, avant ses épreuves, à faire un sauna ou courir autour de l’hippodrome pour maintenir son poids fétiche de 54 kgs.

Le mois d'octobre pointe le bout du museau, annonciateur d'une nouvelle grande et belle saison équine, pour décupler une force et une motivation de jeune premier, à la découverte d’une concurrence nouvelle. Le jour se lève. A 66 ans, l'intensité d'une passion dévorante perdure. Comme à ses toutes premières heures, Gérard Rivases, star des jockeys, s'applique au sacro-saint entrainement matinal.

Un acte de foi et d'amour magnifié par la force du temps et l'expertise nourrie depuis les années 70 lorsque son premier entraîneur Domingo Perea, lui fit connaître son homologue marocain, en charge des chevaux de feu le Roi Hassan II. Gérard Rivases ne tarde pas à rejoindre le Haras Royal. Et la magie opère rapidement. En 1972, il remporte le Grand-Prix Mohammed V des pur-sang arabes. «C’est le prince héritier, qui deviendra Sa Majesté Mohammed VI le Roi du Maroc, qui m’avait remis le Trophée» se souvient Gérard. «Le souvenir est ancré dans ma mémoire comme une date inoubliable dans ma vie d’homme et de jockey.»

Un eldorado marocain sur les hippodromes de Souissi Rabat et d'Anfa Casablanca, qui se conjugue au présent d'une vie de jockey jalonnée d'innombrables victoires sous la casaque royale. Et au passé d’une carrière en tous points unique par sa qualité et sa longévité.

Gérard passe une enfance heureuse. Il la partage entre le boulevard de la Plage du Cap-Ferret et Paris où il chope son accent de titi. Le virus du cheval, il l’attrappe, à 4 ans, au contact d’ un oncle rompu au monde des courses qui le traîne sur l’hippodrome de Saint-Cloud, dans l’Ouest parisien.

Dix ans, plus tard, à 14 ans, c’est le temps de l’apprentissage avec Domingo Perea. Il suffira de quelques mois d’entraînement, à Gérard, pour planter sa première victoire, sur l’hippodrome du Tremblay (1965)... à 80 contre 1.

C’est en 1974 qu’il entre dans la lumière. En signant la seconde place, à Chantilly, le 9 juin, dans le Prix du Jockey Club - course la plus importante de l’époque après Le Prix de l’Arc de Triomphe et Le Prix de l’Amérique -, Gérard Rivases signe un exploit retentissant. En selle sur Dankaro, cheval appartenant à Marcel Boussac, il fait le bonheur de son entraîneur Roger Poincelet. D’autant qu’il remporte la même année, sur l'hippodrome de Longchamp, le mythique Prix Lupin (2100 mètres), ancien prix de l'Empereur.

Si la dernière édition du Prix Lupin s’est déroulée, en 2004, la carrière de Gérard Rivases n’a pas de limites. En France, il montera les chevaux de Marcel Boussac, Guy de Rothschild, le baron de Rédé, puis David de Rothschild avant d’entamer une carrière vertigineuse, au Maroc où il remporte près de 3500 succès sur les 4000 qui ont jalonné son parcours exceptionnel.

Son activité récente est à la hauteur de sa carrière glorieuse. Il accumule les succès, au Royaume. Encore aux premières loges du classement des jockeys au Maroc en 2015, il s’est imposé deux fois, à Casablanca, associé à Radan (Prix Blinis/Pur-sang anglais de 3 ans) et Badawa (Prix Nisrine – la plus belle du jour), deux sujets entraînés par Joël Seyssel, entraîneur du Haras Royal Les Sablons, surnommé Le Sorcier.

Gérard Rivases, garde un oeil affûté, aiguisé, rompu à l'exercice de précision. Prêt à concourir et à conquérir de nouveaux trophées. Le meeting des pur-sang anglais et arabes, retransmis en direct sur Equidia les 20 et 21 novembre prochain, ouvre justement une nouvelle saison de haute volée et l'appétence d’un champion aux 4000 victoires dont l’ambition est intacte. «Je suis prêt» dit-il, avec les yeux d’un enfant qu’il n’a jamais cessé d’être et un accent de titi parisien à couper à la cravache.

Compétiteur de marque et adversaire de haut rang, Gérard Rivases attend avec impatience que la nouvelle saison s'ouvre et que les pur-sang arabes et anglais de renommées internationales se retrouvent sur le pré pour en découdre le temps d'un week-end où le vétéran tricolore ne visera qu’une seule et unique place: la première.

Rencontre avec l’inoxydable Gérard Rivases.

Porter pour cette nouvelle saison les couleurs du Haras Royal Les Sablons est un grand honneur...

C'est mon métier depuis de longues années. C'est un immense honneur. Sa Majesté le Roi Mohammed VI aime beaucoup ses chevaux et y porte une attention toute particulière. C'est une grande chance de les monter, dans d'excellentes conditions.

Des couleurs qui vous ont porté vers de grandes victoires et des souvenirs heureux...

J'ai eu la chance de vivre des épreuves et des moments exceptionnels en gagnant tous les grands prix. J'ai eu aussi la chance de monter des chevaux d'exception dont Gaia, Garrogorille, Galveston. Sa Majesté le Roi Mohammed VI partage cette passion. Nous avons vécu de beaux et magnifiques succès. 1000 victoires sous le règne de feu le Roi Hassan II et 2500 sous celui de Sa majesté le Roi Mohammed VI.

La médiatisation des courses hippiques au Maroc avec les directs sur Equidia et le numérique joue un rôle capital à la mondialisation des épreuves...

Incontestablement ! Et personnellement, je vis au quotidien cette montée en puissance incroyable des courses au Maroc. Aujourd’hui, le Haras Royal Les Sablons est très attractif dans le monde entier. Tous mes amis en France suivent désormais les courses marocaines. Je suis conscient de la chance que cela représente. Gagner une course au Maroc est plus fort qu'à Chantilly !

Quel est votre objectif pour le meeting international des courses de pur-sang arabes et anglais organisé, cette année les 20 et 21 novembre, à Casablanca?

Gagner, c'est ce qu'il y a de plus beau. Il y a une émotion particulière et une grande envie. Ce sont des courses de grande intensité. On se remet toujours en questions. Je cours pour gagner. La motivation est toujours là et je sais l'importance de porter les couleurs de Sa Majesté et de tout le Royaume. Au Maroc, mon bonheur est total. Et je rêve toujours d'être devant. Les adversaires sont une grande source de motivation.

A trois ans seulement, Amenvol entraîné par Jean-Claude Pecout, fait partie des prétendants...

C'est un beau cheval. Son propriétaire Azzedine Sedrati est plein de convictions, il s'investit totalement pour avoir les meilleurs chevaux et rivaliser avec le Haras Royal. En 2011 Skylor, monté par Abdelkader Kandoussi, s'était illustré pour remporter la 12e édition du Grand Prix. Azzedine Sedrati y croit. C'est un grand monsieur du monde hippique. Son entraîneur fait partie des tous meilleurs et la compétition nous a souvent amenés à de fortes oppositions et à des finishes haletants.

Billabong, pur marocain, monte en puissance...

Billabong entraîné par Pascal Bary et monté par Stéphane Pasquier, est un cheval dur, né et élevé au royaume. Son propriétaire, Abdelouahed El Alami, a de grandes ambitions pour lui. Il vaut mieux que sa récente sixième place en Europe. On ne refait pas la course. En tout cas, sur la ligne de départ, tout le monde pourra saisir sa chance...

Meeting international des courses de pur-sang, à l’Hippodrome de Casablanca-Anfa.- Vendredi 20 novembre: Pur-sang arabes. Samedi 21 novembre: Pur-sang anglais. Retransmis en direct sur Equidia