Fred Karato: Brassens au saxo
Sûr que Brassens serait fier de Fred Karato. A priori, à part leurs origines sétoises, tout oppose le célèbre chanteur à la moustache au chantre du saxo, auto-surnommé Crazy Sax. Pourtant, la carrière et la vie de Georges Brassens escortent le destin de DJ Saxo, celui qui s’éclate autant à Miami lors de la Winter Conférence qu’à Sète, lors des Fêtes de la Saint-Louis.
Né en 1976, cinq ans avant la mort de celui qui aurait voulu être enterré sur la plage de Sète, Fred Karato a grandi à cinquante mètres de la maison natale de Georges Brassens... dans une demeure qui a appartenu aux grands- parents du poète. Difficile d’être sétois, difficile de forcer les portes du Conservatoire à 8 ans et d’obtenir les deux premiers prix à 15 et 17 ans sans être inoculé et influencé par Brassens.
Rien d’étonnant donc que Fred Karato ait revisité Brassens en jazz en 1997 avant de lancer en ce début d’année Brassens à Cuba, distribué par les éditions Agorila. C’est l’agence Music Media Consulting, dirigé par Cocto, qui s’occupe de la promo de monsieur saxo. Et le buzz est déjà au rendez-vous. “Brassens avait une musique riche et rythmée” explique Fred. “Les Copains d’abord, c’est très jazzy par exemple. En fait, j’ai voulu faire le tour de toutes les musiques pour que l’hommage soit complet : Les Copains d’abord en salsa, Le Gorille en Merengué, Les Sabots d’Hélène en boléro....”
C’est la rencontre avec un pianiste cubain du Buena vista social club qui le pousse à enregistrer l’album à Cuba où il restera 18 jours, accompagné de 10 musiciens locaux. “Après on a remixé à Paris” précise Fred Karato. “Cet album, c’est un an de travail, un an de ma vie.”
C’est son père, maçon de profession et batteur amateur, au coté duquel il arpente les bals dans l'Hérault quand il est gamin, qui l’a guidé vers le saxo. “Il m’a conseillé un instrument à vent pour qu’on soit complémentaire et qu’on puisse faire plus facilement des tournées ensemble” confie-t-il. ”Et comme j’étais très marqué par la culture des vieux big bands de jazz comme Glenn Miller, Coltrane ou Duke Ellington, je n’ai pas hésité ”
On dit souvent qu'il faut faire les bons choix et avoir de la chance pour réussir. Fred Karato ne s'est pas trompé d’instrument et a bénéficié de jolies rencontres pour avancer. Il n’y a pas de hasard, il n’y a que les rebonds heureux du destin.
Celui de Fred Karato commence..?au régiment de parachutiste, à Bayonne. Pour deux centimètres, il est retoqué de la garde républicaine - son rêve de gosse - et finit chez les paras, sur la côte Basque. Après 63 sauts en mer, il traverse les Pyrénées pour retrouver, à l’automne 1996, Sète, ses plages, ses canaux, ses pêcheurs, ses jouteurs.
La date n’est pas anodine : elle marque les quinze ans du décès de Georges Brassens. Grâce à la directrice du musée Brassens, il fait le 20h de Claire Chazal, aux côtés de Pascal Sevran, et redonne vie à Brassens avec son saxo sans dilapider l’héritage. Crazy Sax est né. Paris lui tend les bras. C’est dans la Capitale, en 1998, qu’il rencontre Luck Mervil, campant le rôle de Clopin dans la comédie musicale Notre Dame de Paris. Entre les deux hommes, le courant passe si bien que Mervil présente Garou à Fred, au Concorde Lafayette. Du coup, il devient le saxo de la bande tous les dimanche pour de mémorables boeufs à l’Opus Café.
Quand on a du talent, Paris est un village. Et Fred Karato réalise une rencontre déterminante, Alexandre Habibi, fondateur du journal Paris Nuit. Celui qui est aujourd’hui associé de David Zenouda au Bizen, rue Réaumur, lui propose d’animer les 20 dates de la tournée Leader night 2002 dans les clubs de Province et de la Capitale. Jeu de scène presque acrobatique, bonhommie communicative avec le public, qu’il séduit spectateur par spectateur, gestuelle empreinte de gaieté, Fred Karato fait un tabac et jette les premières pierres de son statut reconnu aujourd’hui de magnifique showman de la scène musicale internationale. “C’est vraiment Alexandre Habibi qui m’a lancé” confie Fred. “D’ailleurs, j’en profite pour le remercier. Non seulement, il m’a permis de rencontrer les professionnels de la nuit mais aussi de signer des contrats.”
Il paraphe le plus beau avec Tony Gomez, le boss de l’Etoile, et en devient DJ résident. “Je rencontrais des people toute la soirée” se souvient Karato. “ça m’a permis de me faire un beau carnet d’adresses....” En 2003, il croise aux Planches, à Deauville, le DJ Laurent Wolf, avec qui il partagera une quinzaine de dates pour la promotion du célèbre tube « SAXO », que tout le monde a siffloté un jour sous sa douche. “Cette rencontre m’a servi de tremplin pour me faire connaître au niveau international mais ça ne m’intéressait pas d’être derrière Laurent Wolf” précise Karato. “Je me considère comme un artisan indépendant. Je ne suis pas un passeur de disque, je suis un artiste. Je me bats pour faire exister l’instrumental que tout le monde avait condamné, pas pour bidouiller des sons électroniques.”
Son combat dépasse les frontières. Après avoir joué en décembre 2000 dans un hôpital, à Bagdad, juste après la réouverture de l’aéroport, Fred Karato se produit régulièrement en Chine où il est autant une star qu’Alain Delon au Japon. “Quand je suis arrivé à l’aéroport de Shangaï, j’ai eu la surprise de voir ma gueule en affiche 4x3, ça fait vraiment bizarre.” Il dynamite littéralement le Bar Rouge à Shangaï et le Lan à Pékin. Ses sonorités se marient également parfaitement avec la musique et la culture orientale où il puise ses inspirations. S’il a ses habitudes au Pacha à Marrakech, il réussit l’exploit d’enflammer le Sheraton à Alger. Semblables lieux lui offrent une caisse de résonance inespérée pour assurer la promo, cet été, de son dernier morceau Atomix Sax, réalisé en collaboration avec le DJ producteur Ron Costa. Ce titre marque les retrouvailles avec Luck Mervil, qui accepte de prêter sa voix. Il enfonce aussi un coin dans la renommée de Karato car Atomix Sax force les portes des 20 plus gros succès du Top 50. Kamadi Sax sorti en 2007 en même temps que son label redsax records fred karato avait déjà rencontré son public.
Fred Karato a gagné une bataille, pas la guerre. “Le saxo manque de visibilité en France” dit-il. “J’essaye d’ouvrir l’instrumental et d’imposer le solo à un public plus large.” En tout cas, il sera le 14 janvier au Shore Club, à Miami Beach pour quinze jours d’une tournée américaine qui le mènera à New-York, au Green House et au Cain Club. L’hiver sera chaud au saxo puisque mister Karato reprendra, avec DJ Chris - le frère de David Guetta - et Samir, son fidèle et talentueux percu, le chemin de Miami pour la Winter Conférence (24-28 mars), la Mecque des DJ, avant de balader son inséparable saxo rouge étincelant et brillant, importé de Shangaï, à Munich le 1er février pour le plus grand salon de la glisse en Europe et à Oran, en Algérie, le 4 février. Surtout, du 16 février au 16 mars, de Courchevel à Megève, il assurera les 20 dates de la tournée Burn (Intense Energy) dans les clubs les plus huppés des stations de ski.
Sinon, le Sétois a promis d’honorer de sa présence abrasive une prochaine soirée Clin d’Oeil !?Parole de Crazy Sax...