Didier Ludot : la haute passion couture
C’est le vintage haute couture qui a fait la notoriété de Didier Ludot. En 30 ans de carrière,le créateur du jardin du Palais Royal aime les vêtements porteurs d'histoire.
Didier Ludot se souvient des sorties de bains de mer glacée à Saint-Malo, lorsque sa grand-mère lui tendait de grands peignoirs de coton épais pour le réchauffer. Sa mère, très à la mode, faisait copier des modèles haute couture par une couturière attitrée et il se souvient qu’à quatre ou cinq ans, il l’aidait à choisir les tissus. La maison familiale, située en Bretagne, comptait bien 4 ou 5 pièces remplies de vêtements sur la vingtaine de pièces que comptait la maison familiale. A cette époque, on gardait les vêtements. Ils n’étaient pas industriels, mais demandaient beaucoup d’heures de travail, l’utilisation de matériaux chers, comme cette robe perlée année 20 dont se souvient encore Didier. On gardait ces vêtements chargés d’histoire(s).
De cette enfance va naître sa passion pour le luxe, les “belles choses”, l’attachement à l’idée du raffinement, la séduction d’une couleur, la sensualité d’une matière : bref, la Haute Couture. Il faut le voir se pencher sur un bijou, une robe, un accessoire, comme pour lui parler. Il sait reconnaître le vrai du faux, le chic du toc, une élégance cachée, l’intérêt esthétique d’un vêtement, son originalité, sa rareté.
C’est ainsi qu’en 1974, à l’âge de vingt ans, il ouvre sa première boutique de vêtements de luxe «vintage » sous les arcades du Palais Royal, un écrin parfait pour ses trésors de mode, chinés auprès de particuliers ou en salles des ventes. Des bijoux Pascal Morabito à la grande maroquinerie des années 50 : Lucienne Offenthal, Germaine Guérin, Fernande Desgranges mais aussi ceux de Chanel, Dior, Hermès (Le sac Kelly Hermès en cuir box oscille entre 1000 et 2500 € au lieu de 5000 €, son prix boutique). “La patine de ces sacs, Hermès, Fabiola ou Morabito (en crocodile de java, petites écailles, la peau est centrée et symétrique) en font des accessoires moins show-off, moins nouveau riche… » me confie Didier Ludot. Tous ces accessoires de mode (également en lézard, galuchat ou autruche) sont pour Didier de véritables « moments de mode» qui jalonnent son histoire.
Vous trouverez ainsi également des carrés de soie Hermès qui n’existent plus (seulement 150/200 €), des souliers Roger Vivier (l’inventeur du talon aiguille, entre autres), Dior ou Jimmy Choo. Un peu de luxe en prêt-à-porter Gucci, Dior, Prada pour la femme et pour l’homme, Yves Saint Laurent, Vuitton, Hedi Slimane pour l’homme. Question prix, comptez 50% ou moins de la valeur en boutique d’origine. Exemple : une veste Chanel qui coûte 4000 € vous coûtera ici entre 1000 et 1500 €.
En 1988, il décide naturellement de se spécialiser en haute couture française et y présente en expert qu’il est devenu la haute couture «vintage » des années 30 aux années 90/95.
Des robes du soir et des robes de cocktail aux signatures qui font rêver : Balenciaga, Balmain, Schiaparelli, Lanvin, Yves Saint Laurent, Madame Grès. Une histoire pour chaque vêtement, à l’image de cette cliente dont le mari était diplomate au Caire et qui s’affiche photographiée avec sa robe en compagnie de la duchesse de Windsor… Comment oublier ces deux ouvrières de couture Chanel, râlant en se souvenant de la complexité du travail… ou celle qui tomba en larmes devant une robe Dior années 50 qu’elle avait elle-même réalisée. Très souvent, c’est une seconde vie retrouvée.
Qu’on ne s’y trompe pas, à travers ces pièces uniques, ces “vêtements bijoux” Didier Ludot veut défendre un patrimoine culturel, rendre hommage à un savoir-faire français.
Ses nombreuses collaborations aux expositions du musée de la mode au Palais Galliera en témoignent, ainsi que ses propres expositions comme celle de Dior en 2005 : Didier exposa sous les arcades du Palais Royal les trésors de la maison Dior et montra ainsi comment une maison de couture aussi prestigieuse garde sa personnalité tout en changeant de créateur (Bohan, Ferré, Galliano, Castets, Yves Saint Laurent…).
Il avait par ailleurs organisé en 1996 une exposition sur « la petite robe noire », pièce maîtresse, incontournable d’un vestiaire féminin, nous faisant découvrir des modèles allant de 1926 (celui de Chanel) à nos jours.
Fort de ce nouveau concept, le sien, il ouvre en 1999 sa troisième boutique « La Petite Robe noire ». Fidèle à son principe, la moitié de la collection présentée est « vintage » et l’autre porte sa griffe Didier Ludot. 13 modèles par saison sont diffusés dans le monde entier. Il prévoit même une seconde ligne made in France – bien entendu – à de petits prix: entre 400 € et 700 € la robe couture.
Didier Ludot signe même le flacon du dernier Guerlain, La Petite Robe noire. Pour fêter les 10 ans de sa boutique éponyme, Didier Ludot présentera, en septembre prochain, la rétrospective « La Petite Robe noire ». Toutes les boutiques autour du Palais Royal se prêteront à la fête et présenteront un modèle en vitrine, des années 20 jusqu’à nos jours (Elbaz, Viktor and Rolf…).
Béatrice Ardisson sera l’ambassadrice de l’événement et de nombreuses personnalités (comme Pierre Bergé, Catherine Deneuve, Karl Lagarfeld, Dita von Teese…) écriront sur le sujet.
Le ministère de la Culture parrainera l’exposition. Clin d’oeil sera aussi de la fête!