Christelle Chollet: Drôle de môme
Dans l’Empiafée, Christelle Chollet triomphe depuis un an et demi, au Palais des Glaces.
Comique hilarante, chanteuse à voix, elle a déjà séduit plus de 70000 spectateurs. Son talent unique et son charisme incontestable devraient permettre à cette “chanteuse de dépannage” de tenir le haut de l’affiche de la scène comique hexagonale.
Les comparaisons les plus simples sont parfois les meilleures. Christelle Chollet ressemble à son écharpe. Elle est vive, enjouée, mutine et multicolore. “C’est ma grand-mère qui me l’a tricotée” dit-elle. “Je lui avais demandé une écharpe noire, blanche et rouge, mais elle m’a envoyé celle-ci en m’expliquant qu’elle n’avait pas assez de laine ! Cela dit je la porte tout le temps”.
Reste que son cache-cou n’est pas un cache misère car l’histoire de Christelle Chollet sonne comme un conte de fée, un vrai, partant de rien et croisant un prince sur son chemin. Christelle a certes la candeur enfantine de l’héroïne d’un tel conte et un homme idéalement charmant dans sa vie, mais elle n’a rien d’une bergère ahurie attendant son chéri en cueillant des marguerites au milieu d’un pré trop fleuri !
Tempétueuse, rebelle, et parfois indignée malgré ses espiègleries, Christelle a bel et bien pris en main les clés de son joyeux destin. Acharnée mais peu encline aux études, elle reconnaît, amusée, avoir eu son bac à l’arrachée, surtout pour faire plaisir à sa maman. “Avec un 2 en maths, c’est l’option cinéma qui a sauvé mon bac !” précise t’elle.
Et quand on l’entend parler de sa maman, de sa famille, du Tarn, sa région natale, on comprend que le seul vrai sacrifice que Christelle a consenti pour vivre ses rêves de planches, cela a été de quitter sa terre et les siens.
Bac en poche, elle jongle à Toulouse entre les café-concerts et un petit job d’ouvreuse dans un cinéma. Son père qui a une entreprise de climatisation et chauffage et sa mère, animatrice en maison de retraite, ont bien du mal à suivre ou comprendre les idéaux de leur fille. “Je me suit inscrite au Conservatoire de Toulouse en faisant croire à ma mère que je m’inscrivais en fac. Quand j’ai eu le concours, je me suis dit que le côté institutionnel et sérieux des cours la rassurerait et je lui ai tout dit”, avoue la comédienne.
Cela a rassuré Madame Mère, très probablement, mais cela était bien trop scolaire et réglementé pour faire les affaires de sa fille. Tout à son enthousiasme, racontant son histoire, elle explique avec un petit air coquin qu’elle s’est faite virer au bout de 2 ans en défendant un de ses camarades menacé d’exclusion “S’il est viré, je pars aussi !”, revit elle, en précisant : “J’ai ma fierté, mais quand même, je me suis sentie bien idiote quand je me suis retrouvée dehors après avoir claqué la porte”.
Son ego ne lui autorisant aucune marche arrière, et sa bonne étoile aidant, on l’appelle quelques jours après son renvoi pour lui proposer de jouer au festival d’Avignon. Enfin décidée à enclencher la vitesse supérieure, à la rentrée suivante, elle s’installe à Paris. “Malgré mes certitudes, je n’en menais pas large, mon père m’a accompagnée pour chercher un appart, on a déniché une chambre pourrie à la Butte aux Cailles, mais cela a été transitoire, heureusement, j’ai tout de suite trouvé du travail”.
Ses premiers cachets dans la troupe de Roger Louret la propulse sur le petit écran dans les ‘Années Tubes’ de Jean-Pierre Foucault et aux Folies Bergères. “Cela a été une aubaine pour moi de pratiquer mon métier très vite. La théorie m’ennuie, j’ai besoin de concret”.
Sa volonté et son talent sont alors récompensés. Christelle, contrairement à la plupart des jeunes comédiennes, enchaîne les contrats et les rôles. Elle joue tantôt de sa voix, tantôt de la comédie. Sa formation classique lui offre des rôles tel l’entremetteuse dans ‘Le Menteur’ de Corneille à Herbétot aux côtés de Nicolas Vaude. Son grain de folie, sa petite touche à elle, lui permettent de reprendre des chansons françaises, dont le répertoire d’une de ses chanteuses préférées, Piaf, sur la scène du Gavroche, rue Saint-Marc, derrière la Bourse.
L’Empiafée naît peu à peu. Un jour, la Galerie Claire de Villaret dans le 5e arrondissement, qui organise souvent des soirées autour de diverses expressions artistiques lui laisse carte blanche un soir. Christelle veut chanter ses chansons mais le cadre l’oblige à trouver une idée pour débarquer comme ça avec sa jolie besace pleine de reprises de Piaf dans cette galerie d’art.
C’est Rémy Caccia, un ami et désormais amoureux (oui c’est là que débarque le prince charmant du conte de fée) qui lui propose d’inventer le personnage de SOS Chanteuse : une jeune femme qui fait du dépannage de chansons. A partir de là tout s’enclenche, Philippe Delmas, le producteur de ‘Mado la Niçoise’, lui propose de produire un show-case pour le présenter au Festival de Porto-Vecchio. Rémy, auteur et metteur en scène de son état, se lance dans l’écriture, et l’aventure commence…
Pour les plus curieux, vous pouvez apercevoir le personnage qu’incarne Christelle dans une série de sketches dont certains ont été tournés dans le quartier Montorgueil. “J’ai très envie de porter le spectacle à l’écran” lance Christelle. Il faut reconnaître que son personnage est touchant et drôle, percutant et sensible et que le spectacle est un coup de poing de bonne humeur.
Il s’agit de ‘dépanner’ une salle qui attendrait Piaf… Christelle arrive en trombe sur son scooter, I-phone en poche, entre deux autres dépannages urgents, bas résille et short super mini en guise de costume de Piaf, elle entraîne la salle dans le répertoire mythique de la dame en noir, revisité à la sauce ultra piquante de Christelle.
Elle démentira haut et fort avoir la même voix que Piaf pourtant certaines intonations vous donnent des frissons et son énergie vous emporte invariablement. En outre les irrésistibles répliques de Mademoiselle SOS Chanteuse qui vient de se faire plaquer par son Jules et a un avis bien tranché sur la vie, l’amour, les mecs nous font passer sans cesse du rire le plus joyeux à l’émotion la plus vive. “De toute façon, faire du comique, cela devait arriver. Au Conservatoire, quand je jouais Hermione, mes camarades étaient morts de rire…” ajoute Christelle.
Son petit minois de clown, ses pitreries continuelles le confirment. Elle paraît comme montée sur ressorts, infatigable. “C’est un boulot énorme de chanter depuis deux ans tous les soirs”, confie-t-elle. “Heureusement, j’ai un coach vocal formidable, Cécile Bonardi, qui a su m’écouter et s’adapter à mon rythme sans rien m’imposer”. Or le rythme de Christelle frôle celui d’un super héros. Par exemple, une semaine sur deux, elle change de maison : “Rémi a deux enfants, et en fait ce sont les enfants qui ont gardé l’appartement familial. Nous l’occupons avec eux une semaine sur deux et leur mère prend le relais l’autre semaine” explique t-elle.
Son rythme fou, c’est aussi celui avec lequel elle a enchaîné les salles ces deux dernières années : Comédie Bastille, Théâtre Galabru, Comédie République, et enfin, depuis un an et demi maintenant, tous les soirs dans un Palais des Glaces chaud comme une baraque à frites.
Le succès de son - presque - one-woman show (il y a Jean-Louis, son pianiste) musical est sans conteste. Christelle met littéralement le feu à une salle comble et comblée chaque soir ! A tel point qu’aujourd’hui, l’Empiafée se joue même à guichets fermés. Les retardataires parisiens risquent donc d’être très déçus car le 28 février sonnera le glas et la dernière des représentations parisiennes avant le départ pour plusieurs mois de tournée. Mais qu’ils se rassurent pourtant, il se murmure déjà dans les couloirs de la production qu’une très grosse salle parisienne pourrait bien accueillir cette chanteuse de dépannage indispensable !
Si tu étais une couleur ? Je serais une couleur primaire.
Une saison ? L’été pour mettre des robes.
Un pays ? Une région plutôt, le Tarn, où j’ai grandi et où vit ma famille.
Une ville ? Paris pour son côté multiculturelle, parce que c’est beau, parce qu’on peut tout y faire.
Un moyen de transport ? Le vélo même si l’hiver à cause des risques de rhumes je n’y ai pas droit.
Une boisson ? Le pinard (et y’en a du bon dans le Tarn!).
Un aliment? Le chocolat dont je fais une grosse consommation.
Une chanson? Tata Yoyo.
Ta dernière crise de rires ? Sur scène, mon pianiste a savonné une réplique.
Ta dernière colère ? Le drame de l’usine Molex dans ma région.
Un trait de caractère ? Optimiste!
Un film culte ? Les Tontons flingueurs et La Couleur pourpre.
Un objet ? Un chapeau, j’ai peur que mes neurones s’envolent.
Ta qualité préférée chez un homme ? J’ai un homme qui les a toutes... il fait la vaisselle, il passe l’aspirateur...
Ce qui est rédhibitoire chez un homme? S’il pue des pieds.
Si tu pouvais changer quelque chose dans ton physique... Je ferais réduire mes oreilles, j’avais les mêmes oreilles qu’aujourd’hui à 2 ans. Petite on m’appelait Babar ou Mickey.
La partie de ton corps que tu préfères? Mes fesses
Le talent que tu voudrais avoir? Savoir écrire.
Tes dernières vacances ? A Porquerolles dans la famille de Rémi. C’est magnifique, on a même vu un poisson lune.
Ton premier CD ? A 4 ans, mon père m’a offert “Qui c’est les plus forts évidemment c’est les Verts”.
Dernier CD ?Pink.