Catherine Morin-Desailly fait l'unanimité au Maroc !
Décidément, les sénateurs UDI aiment le Maroc. Après la visite d’Olivier Cadic, sénateur des Français à l’étranger, c’est Catherine Morin-Desailly qui a organisé un déplacement, au Royaume. Présidente de la commission de la Culture, de l’Éducation et de la Communication, la sénatrice, linguiste de formation, n’a pas eu le temps de faire du tourisme.
En cinq jours, entre Rabat, Casablanca et Marrakech, Catherine Morin-Desailly a fait le métier avec le sérieux et l’enthousiasme qui sont ses grandes qualités. Elle a rencontré Mustapha Khalfi, Ministre de la Communication, Lahcen Daoudi, Ministre de l’Enseignement Supérieur, Rachid Talbi Alami, Président de la Chambre des Représentants, Abderraim Atmoun, Président du Groupe d’Amitié France-Maroc à la Chambre des Conseillers et Amina Lemrini Elouahab, présidente Haute Autorité pour la Communication Audiovisuelle (HACA). Elle a même visité le Musée Mohammed VI en compagnie de M. Mehdi Qotbi, président de la Fondation Nationale des Musées marocains.
Passées les rencontres locales, la sénatrice a pris langue avec les représentants de la France, au Maroc. Didier Larroque et Eric Gérard, respectivement Consul Général de France, à Rabat et Marrakech, lui ont permis d’apprivoiser le monde politique, culturel et éducatif. A l’Institut Français de Marrakech, elle a répondu à l’invitation du directeur Pierre Raynaud, pour assister au spectacle M’appelle Mohammed Ali.
Toujours dans la Ville Rouge, au Palace Es Saadi, Catherine Morin-Desailly a croisé Jean-Louis Borloo, le régional de l’étape. Forcément, il a été question de la Fondation de l’ancien homme fort de l’UDI, Énergies en Afrique. Elle a aussi parlé avec Jean Pozzo di Borgo, nouveau responsable de l’UDI au Maroc, du lancement d’un grand club UDI, au Royaume. Séduit par l’engagement, la sincérité et la probité de la Sénatrice, Jean Pozzo di Borgo s’est promis de l’inviter très vite, à Marrakech, pour organiser une réunion publique à l’attention de la communauté française.
Enfin, l’élue de Rouen s’est entretenue avec la propriétaire du Palace Es Saadi, Élisabeth Bauchet-Bouhlal, de leur Normandie natale qui est le prochain défi de Catherine Morin-Desailly. Les élections régionales ont en effet lieu les 6 et 13 décembre prochains. «J’ai milité longtemps avec Hervé Morin, candidat pour le centre et la droite républicaine, pour la réunification de la Haute et Basse Normandie» explique-t-elle. «Désormais, je vais l’aider à devenir Président de la Normandie réunifiée...»
Vous avez inauguré le premier déplacement de la commission de la Culture, de l’Éducation et de la Communication du Sénat Français, au Maroc....
C’est même le premier déplacement de cette commission, que je préside depuis 2014, en Afrique. L’événement est donc de taille. C’est une manière de réparer une incongruité car le Maroc représente le plus important réseau culturel français à l’étranger notamment au niveau des Instituts Français. Dans un monde fait de défis et de menaces, on doit ouvrir la jeunesse à la culture. On doit renforcer la coopération franco-marocaine dans le cadre d’une grande relation nord-sud. On partage déjà beaucoup de sujets comme la formation des imams dont on a beaucoup parlé au sénat. C’est évidemment très intéressant et indispensable. Il y a beaucoup de bi-nationaux et de couples mixtes: rapprocher les cultures est une évidence.
Quel était l’objectif de votre visite, au Maroc?
Le budget de la diplomatie culturelle, celui de l’action extérieure de la France, est rattaché à notre commission. Nous sommes venus faire l’état des lieux de l’enseignement du français à l’étranger dans le cadre de l’Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE) et du réseau culturel à travers les Instituts Français. A l’aune du fort contingent d’expatriés français au Maroc, notre visite revêtait une importance toute particulière d’autant que la demande de l’étude du français est de plus en plus forte chez les étudiants. Le but était donc d’évaluer les crédits votés chaque année, de mesurer leur pertinence et de lister les difficultés rencontrées auprès de nos représentants que ce soit les Consulats ou l’Ambassade.
Quel bilan dressez-vous?
Le Maroc est terre de tolérance et de croisement des cultures. L’amitié que nous portent les Marocains est très touchante. On se doit d’être à la hauteur. Il existe une relation de partage très forte entre la France et le Maroc qui se traduit par un vrai désir de la France, de la langue française. L’enseignement du Français reste le passeport pour la réussite et la poursuite d’études. Pour répondre à cette demande croissante, la création de classes bilingues est une nouvelle forme de coopération très intelligente, ainsi qu’on a pu l’observer, de manière expérimentale, notamment au Lycée Moulay Yousseff, à Rabat où son directeur, M. Benhissoune, fait un travail remarquable.
Campus France est également une franche réussite...
A travers Campus France, nous accueillons 34000 étudiants marocains, en France. Tous les étudiants marocains n’ont pas vocation à venir étudier en France. D’ailleurs, ils n’en ont pas toujours les moyens, ni même l’envie. Nous devons travailler sur des formes innovantes de coopération. En s’appuyant sur des initiatives marocaines, à l’image de celles mises en place par l’Université internationale de Rabat et son directeur, M. Mouaddib, qui a un an d’existence mais un projet formidable, on doit travailler sur des partenariats entre les universités françaises et marocaines. On doit instaurer des systèmes de co-diplômation avec la délivrance de diplômes franco-marocains. Nous devons aussi multiplier les échanges d’enseignants et l’accueil de jeunes marocains sur le territoire français pour suivre des cursus de quelques mois. D’ailleurs, j’ai rencontré M. Aarab, le directeur de l’Institut Supérieur de l'Information et de la Communication (ISIC), à Rabat. Il s’est montré très demandeur de partenariat avec les institutions françaises. Devant la mutation de la presse liée au numérique, on doit pouvoir apporter notre savoir-faire. Comment peut - on partager notre expertise culturelle, de la communication, des médias dans le cadre des réformes engagées par la nouvelle constitution marocaine? Voilà la vraie question que j’ai évoquée avec M. Mustapha Khalfi, Ministre de la Communication.
Vous devez donc vous réjouir des premiers pas de l‘École Centrale, à Casablanca...
Je m’en félicite, évidemment, et M. Lahcen Daoudi, Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Formation des cadres, que j’ai rencontré, s’en félicite également. L’idée, c’est clairement d’amener la connaissance sur le territoire marocain aux jeunes étudiants dont les dispositions scolaires leur permettent d’aspirer à des formations supérieures après le lycée. C’est dans cet état d’esprit de co-diplômation et de co-location que l’École Centrale, dirigée par Ghita Lahlou, vient d’accueillir sa première promotion, en septembre. A l’instar de ce qu’elle a déjà fait en Chine et en Inde, L’École Centrale a installé une antenne sur le territoire marocain en particulier et sur le continent africain en général. L’objectif, c’est de répondre aux besoins futurs d’un continent qui a besoin d’une élite formée pour accompagner la croissance économique.
L’installation de l’Ecole Centrale, à Casablanca, c’est aussi une manière d’apporter un certain lustre de l’éducation française...
Bien sûr, il y a une forme d’héritage de l’exigence française à transmettre. Mais le plus important, c’est la volonté de ne pas tout centraliser, à Paris, et de donner une chance aux étudiants marocains, qui, lorsqu’ils passent les concours des classes préparatoires, sont souvent parmi les plus brillants. C’est aussi une manière de constituer des nouveaux hubs. M. Lahcen Daoudi milite depuis longtemps pour que le Maroc devienne un hub de l’éducation supérieure, en Afrique. Porte de l’Europe vers l’Afrique, le Maroc a un rôle déterminant à jouer. Notre avenir est collectif et dépend, une nouvelle fois, de la relation nord-sud. Ces projets intelligents sont destinés aux étudiants de tout le continent africain.
Vous avez visité le Lycée Lyautey, à Casablanca. Vous portez-vous garante de la qualité de l’enseignement dans les missions françaises?
Les conditions sont excellentes ainsi que nous avons pu le vérifier au Lycée Lyautey que nous avons visité en compagnie de son proviseur Didier Montant, tout comme les taux de réussite au baccalauréat le prouvent. Les parents d’élèves nous ont fait des remarques concernant la hausse du coût de la scolarité lors des dernières années. Ce n’est pas étonnant au regard des difficultés budgétaires de l’état français. Les directeurs d’établissements ont regretté de ne pas pouvoir répondre à toute la demande marocaine. C’est dommage !
Le Maroc a entrepris un vaste chantier dans le domaine de l’éducation...
Au Maroc, de grandes réformes ont été engagées dans le domaine de l’éducation, à l’image du plan d’urgence 2009. Il n’en demeure pas moins que l’éducation reste un vrai défi. L’éducation est le budget numéro un des foyers marocains. Le recrutement et la formation des maitres sont des questions capitales.
La France peut-elle prodiguer son expertise?
Nous sommes soumis aux mêmes questions et nous devons faire montre de la plus grande humilité. Le taux d’illettrisme est à la France ce que le taux d’analphabétisme est au Maroc. Trop d’enfants sortent de nos écoles sans savoir lire, écrire et compter. La France et le Maroc doivent pouvoir partager expériences et sujets de réflexion.
Vous êtes également membre, au sénat, du groupe interparlementaire d'amitié France-Maroc...
En privilégiant la relation avec la chambre des conseillers marocains, on entretient notre relation d’échanges entre nos deux pays. Ainsi, il y a deux ans, des sénateurs marocains ont pu assister à des formations sur la construction et l’entretien du TGV. Actuellement, on discute de la problématique énergétique à travers l’émergence des énergies renouvelables et les questions climatiques. Si la COP21, Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, aura lieu à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015, la COP22 se déroulera, à Rabat, à la fin de l’année 2016.