Bravo les Gars.
S’ils n’étaient pas dans la cuisine, où seraient-ils ? Au Portugal, chez Gil, à Fatima peut-être, pour retrouver les traces de sa famille maternelle, ou alors à San Francisco, quartier Castro, où il a tenu un restaurant, Le Zinc. Gil Rosinha est un zébulon, qui puise ses inspirations au gré de ses pérégrinations. On imagine davantage Jean-Jacques Delaval, plutôt dandy qui porte bien, trimbalant son regard au goût de sel marin dans une galerie d’art ou un shop de déco contemporaine.
On l’a compris, les Gars dans la Cuisine, ce sont eux : Gil Rosinha et Jean-Jacques Delaval, associés pour le meilleur et l'élixir. Car leur cuisine, ludique et évolutive, chic et bistrot, est une des plus courues du Marais actuellement. “Notre ambition est de nous situer entre le bistrot et le gastro” résume Gil. “En clair, le mot bistronomique nous convient bien.”
Pari réussi, les Gars : on comprend pourquoi il est préférable de réserver avant de passer une soirée avec vous. Dans un décor chic et décontracté, masculin et confortable imaginé par Richard Marioton-Jones – l’architecte qui a pensé le restaurant Toro, rue Jean-Jacques Rousseau –, Gilles envoie une belle cuisine française revisitée à grands coups d’épices et de génie.
En lieu et place du Petit Marseillais, et dernièrement du Love Café -“C’était la Saint-Valentin tous les jours, ici” rigole Jean-Jacques-, les Gars nous étonnent et nous affolent avec le risotto à la Vache qui rit, le pot-au-feu au réglisse, le coq au vin avec une nage de chocolat ou la panacotta à la barbe à papa. Le filet de bœuf poêlé au Beaufort avec darphin de manioc et salade de pousses aux feuilles de shiso ou la Caesar salade aux gambas sont également des tueries.
La philosophie du lieu, c’est le bonheur et la liberté. “Il faut que je m’amuse en cuisine” dit Gil, avant de nous questionner sur la ligne éditoriale de Clin d’orgueil. “Si c’est un journal gay, ça ne nous intéresse pas.” Les patrons en sont, le personnel aussi, mais l’esprit est gay friendly. Les plats de Gil sont aussi mixtes que la clientèle. On leur souhaite de devenir aussi célèbres, car Béatrice Dalle, Virginie Ledoyen ou Charlotte Rampling sont des habituées du 72 rue Vieille du Temple.
Amis depuis plus de 20 ans, Gil et Jean-Jacques espéraient poser leurs valises à Montorgueil ou dans le Marais. “Finalement, on remercie le Ciel d’avoir trouvé notre bonheur dans le 3e” confie Jean-Jacques. “Autant le Marais était fertile et innovant à la fin des années 90, autant il est sclérosé et opaque aujourd’hui. Il n’y a plus vraiment de synergie entre les établissements, c’est dommage.”
Chez les Gars, l’alchimie est entre la salle et la cuisine, entre Jean-Jacques, Jérôme, Fred et Gil. “Je voulais que tout s’articule autour d’une cuisine ouverte” avoue Gil. “Je voulais partager le plaisir avec la salle...”