Boujenah n'arrête pas le combat
Bouleversé par la révolution de Jasmin en Tunisie qui a provoqué la fuite du président Zine el-Abidine Ben Ali, Michel Boujenah dit que le plus dur commence pour le Pays où il a grandi. Il est aussi très sensible au conflit israëlo-palestinien, à l’avenir d’Haïti et à... celui de la gauche française.
Clin d’Oeil.- Les événements en Tunisie vous ont-ils beaucoup touché ?
Michel Boujenah.- C’est difficile de ne pas se préoccuper du pays où je suis né. J’y ai tous mes amis d’enfance. Que je le veuille ou non, c’est mon pays. Mais je ne me sens pas forcément légitime pour parler de ce sujet. Ceux qui se sont battus devraient être à ma place pour parler. Je pense à tous ces jeune blogueurs qui sont allés en prison, tous ces jeunes sont Facebook qui ont créé les conditions de cette révolution. Tous ces jeunes ont besoin d’une tribune pour s’exprimer sans oublier tous les gens de la soiciété civile comme les avocats, les professeurs ou les médecins. Tous ceux qui ont mené ce combat spontané qui a dépassé tout le monde par son incroyable vitesse méritent aussi la parole.
Quel est votre sentiment?
Je suis bouleversé parce que je pense à mon père qui aurait tant aimé voir ça. Le peuple tunisien est un grand peuple, je l'ai toujours dit et je l'ai toujours pensé. C'est un moment historique, il faut les protéger beaucoup parce qu'ils sont en danger, il faut faire très attention au peuple tunisien. C'est pas facile, ce n'est pas terminé.
Qu’est-ce qui vous fait peur ?
La violence en général, celle liée à l’islamisme, à la corruption. Mais ce qui se passe est encourageant. Ce mouvement est laïc. Les jeunes se rassemblent et c’est essentiel. C’est désolant de voir un pays où tant de gens qualifiés, diplômés manquent de travail.
Les prochains mois ne manqueront pâs d’être très importants pour l’avenir de la Tunisie...
Le peuple tunisien a désormais besoin en effet qu’on lui accorde du temps, de l’attention et surtout de la fraternité. Il ya des cadres, des ingénieurs, des intellectuels, il y a tout ça en Tunisie. C’est pourquoi la Tunisie a une chance magnifique qui ne doit pas etre gachée. Tout le monde doit faire attention au peuple tunisien y compris les gouvernements occidentaux. Mais la il ne faut pas faire de la politque avec des critères aoccicentaux. Personne ne doit imposer son destin à la Tunisie. Elle a son destin en main. Et elle doit le tenir très fort.
Vous attendiez-vous à ce qui s’est déroulé ?
Les Tunisiens ne sont pas de nature violente. On nous a annoncé moins d’une centaine de morts. On peut imaginer que les vrais chiffres approche en réalité le triple. Pour la Tunisie, c’est énorme. C’est un pays fondamentalement pacifiste.
On sent que les problèmes liés à la violence vous affligent vraiment.
C’est le cas. L’Afrique est un gigantesque champ de bataille, un bain de sang. En Israël il règne un climat de paranoïa pro-palestinienne. Mais on oublie souvent de dire qu’à Gaza même, les populations sont surtout terrorisées par la dictature islamiste. Je ne prends pas partie, je n’ai pas de solution, mais il y a une chose dont je suis persuadé, c’est que pour trouver des solutions, il faut avant tout que les violences cessent.
Quelles sont ces solutions selon vous ?
Je n’en ai pas. Moi je suis juste un clown, je peux faire rire les gens afin qu’ils oublient un peu leurs soucis mais je n’ai aucun pouvoir. Cela dit même les politiques n’ont aucun pouvoir. On l’a vu avec la crise. Ils étaient eux-mêmes dépassés.
Vous avez pourtant une certaine confiance en la politique. Vous avez beaucoup soutenu Ségolène Royal aux dernières Présidentielles. Peut-elle encore compter sur vous?
Si elle se représente, je ne serai pas derrière elle cette fois-ci. Je ne peux pas soutenir quelqu’un qui ne le mérite pas. Vous êtes connu pour être un homme de gauche, malgré votre déception vous le resterez ?
Je ne sais pas si je vais voter à gauche, c’est angoissant. Je n’y vois plus que des luttes de pouvoir aucun combat pour défendre un programme. Le pire c’est que tout cela fait le lit de Marine Le Pen qui est une très bonne communicante !
Vous vous mobilisez pour de nombreuses causes dès que vous en avez l’occasion…
Le plus dangereux, le plus vicieux quand une catastrophe a lieu, c’est que sur le coup, l’opinion publique s’émeut évidemment, mais tout tombe très vite dans l’oubli. Regardez Haïti, c’était il y a un peu plus d’un an. Aujourd’hui qui y pense ?
En octobre dernier on vous à vu à nouveau dans Rire contre le racisme sur France 2 ? Ce projet est-il important pour vous?
Oui, ce projet me tient à cœur car il est difficile à organiser. Finalement c’est assez consensuel de faire le téléthon, cela ne retire rien à son intérêt mais tout le monde est touché. Rire contre le racisme est organisé à la fois par SOS Racisme et par l’Union des étudiants juifs de France. Rassembler un juif et un arabe sur un plateau de télévision n’est pas évident, même s’il s’agit de faire rire.
Et vous avez des films en cours d’écriture ?
Oui deux, « L’incroyable mariage » et « les Fugueuses ». Je les ai commencé il y a 3 ans, et j’en ai peut-être encore pour 25 ans ! Je suis un gros bosseur mais je suis lent. En fait je crois que je suis né endormi !