Bienvenue au Chacha
Septembre. 2008 \\ Par Jérôme Lamy

Julien Labrousse, l’un des patrons du chacha club, nous ouvre les portes de la nouvelle ‘place to be’ à Paris.

 

Les cieux punis d’un été parisien rabougri ont convaincu les aoûtiens de la triste capitale d’économiser leurs forces en journée, et tels des chats, chats gris, de profiter de leurs nuits. Fort heureusement luné, c’est sous cette fâcheuse pluie que Julien Labrousse et ses associés, Marie Pelletier et Thomas Langmann, ont ouvert le plus buzzesque club qu’a connu Paris ces derniers mois : le chacha club.

Les rumeurs les plus abracadabrantes se chuchotent en fanfare, d’oreilles en bouches et de bouches en oreilles et attisent en délices, les plus indécents épisodes, qui animeraient ce mystérieux boudoir. Ainsi Karen Mulder se serait-elle entièrement dénudée pour prendre au 1er étage du chacha, un bain vénusien alors qu’à ses côtés Joey Star lui improvisait une ballade romantique… Julien peine à confirmer ce tableau. Il sourit, gêné et étonné.

Pourtant il y a bien eu cet été un défilé de personnalités, de Karen Mulder à Claire Chazal, d'Alain Chabat à Gad Elmaleh. Brad Pitt aurait même traîné ses guêtres rue Berger... En outre, dans le petit salon de musique, où sont à disposition guitares et clavier, Joey Star, mais aussi The Kills ou Massive Attack se sont succédés en bœufs et autres impros. Enfin, on ne citera personne, mais il y a bien eu des filles nues dans l’improbable salle de bains de ce surprenant club ! Et malgré tous nos efforts, la baignoire a refusé de parler...

Julien a parlé calmement, d’un ton posé. En pesant ses mots. Sans forfanterie aucune. Mais qui est donc Julien ? Un fétichiste de la baignoire ? Un nostalgique des vieux fumoirs ? Nous le rencontrons, un après-midi cha-chahuté de la semaine de la rentrée. Autour de lui, mille gens s’affairent et remettent en place le club pour la soirée. Il prend le temps d’une clope, d’un jus de fruit. Dans une salle, à côté, Marie, son associée pouponnent, entre deux coups de fil, un bébé qui attendrit tout ce petit monde branché. Il flotte comme un doux parfum de décontraction qui ne trompe personne. Julien a trente ans certes, mais cela fait douze ans déjà qu’il œuvre en business man aguerri. La galerie LH, rue Saint-Claude dans le Marais, vous connaissez? Et bien c’est lui. L’Hôtel du Nord, canal Saint-Martin, vous connaissez ? Et bien c’est encore lui. Une belle affaire, pour sûr, qui en fait rêver plus d’un, dont Thomas Langmann.

Thomas Langmann, vous connaissez ? Evidemment vous connaissez : acteur, réalisateur, producteur, fils de Claude Berri… Les Astérix au cinéma, c’est lui ! Alors lorsque ces deux visionnaires trentenaires s’entrechoquent, cela donne le chacha ! Et il faut bien une bonne baignoire et une sacrée douche froide pour se remettre des émotions et des soirées qu’ils nous concoctent.

Le chacha, c’est douze mois de travaux, dans une partie un peu délaissée de la rue Berger qui revit. “Personne ne voulait s’installer rue Berger” confie Julien. “Investir ici, c’était un pari osé. Mais je crois au développement des Halles. On ne peut pas être plus au centre de Paris. La future rénovation du Forum des Halles? Cela ne me fait pas peur. C’est évident que si les travaux avaient commencé demain, nous aurions réfléchi avant de poser nos valises rue Berger. Maintenant, on connaît suffisamment le monde de la nuit à Paris pour savoir le poids des phénomènes de mode et pour avoir conscience qu’un lieu comme le nôtre a deux ou trois belles années devant lui....”

Le chacha, c’est aussi 500m2 dédié à la fête. 120 couverts, tous réservés près d’une semaine à l’avance ! Un fumoir, un salon de musique, une salle de bains et tout un tas de multiples recoins. Le chacha, c’est un club, à l’instar des clubs anglais, où l’on dîne tranquillement en début de soirée, que l’on quitte savamment vers 1h30 puisque tout le monde ici est beautiful, successful et que tous ont un métier ! Alors au chacha, on peut s’amuser tous les soirs puisqu’enfin on déculpabilise les fêtard-couche-tôts. “La tranche 22h-1h est la vraie réussite du club” explique Christophe Casabonne, clubber devant l’éternel et chroniqueur politique de Clin d’Orgueil. “Il y a une superbe énergie au son d’une musique revival des années 80. Le chacha me fait penser au Baron de la grande époque en plus sain.”

Voilà pourquoi l’on y croise les mannequins qui ont besoin de sommeil, les journalistes qui doivent suivre très tôt l’actualité, les traders sur le pied de guerre aux aurores… Mais aux noctambules qui mènent l’ivresse sans retenue jusqu’au bout de la nuit, le club leur fait la place belle jusqu’à l’aube bien entendu.

Julien lui-même est un très agréablement surpris de cet engouement si rapide pour leur club. Même à l’Hôtel du Nord, il n’a jamais vu cela. Très peu de presse, pas même d’enseigne sur la devanture, mais ils font le plein, tous les soirs, depuis 2 mois. Le physionomiste est bien obligé de filtrer les entrées de façon draconienne… Julien regrette un peu qu’entre succès et snobisme il n’y ait qu’un pas, mais l’homme d’affaires sait que que le milieu de la nuit est une denrée périssable et qu’il faut se dépêcher d’en profiter. L’heure d’ailleurs n’est pas à la paresse, en deux mois, le mobilier a souffert comme en deux ans, il faut déjà recommander toutes les banquettes de l’établissement afin de conserver au lieu son charme tamisé et raffiné.

Le staff attend ses recommandations pour la soirée. La venue de Nolwenn est annoncée. Les fournisseurs, les curieux, les amis continuent de défiler, le chef italien, Matteo Oggoni prépare les antipasti, il est 16h, la journée commence au chacha club.