Atelier berger: Jean Christiansen entre volutes et voluptés.
Il y a rue Berger, un atelier, un atelier oui, on l’on essaye, où l’on explore, où l’on s’amuse, à l’image de son initiateur, son hôte, Jean Christiansen. Et comment ne pas faire confiance au chef de cette maison qu’il a créée il y a maintenant 9 ans ? Né en Norvège, Jean débarque en France en 1975 alors que ses parents, expatriés dans le secteur de l’informatique, décident un beau jour, de s’installer définitivement à Paris.
Jean a 9 ans. Epicurien dans l’âme, le monde de la restauration est vite une évidence pour lui, et après avoir étudié à l’Ecole Hôtelière de Paris, rue Médéric, il fait ses armes auprès de chefs prestigieux à la Tour d’Argent, chez Rostang, Laurent ou encore Aux Trois Marches à Versailles. Néanmoins, ses origines norvégiennes le détournent un peu des codes classiques de la restauration française. Il entend assez rapidement faire à sa façon et imaginer un lieu qui lui ressemble, un espace de liberté, où les plaisirs s’entremêlent, où la bonne compagnie se marie naturellement à de longues heures de dégustation diverses et variées.
Lorsque l’on demande à cet homme de 42 ans, à l’emploi du temps ministériel, quel est en ce moment, son cigare, son plat, son vin préférés… Il répond avec un romantisme déconcertant que ce sont les yeux de la personne qui partage la soirée avec vous qui font toute la différence.
Si chevaleresque soit-il, ce 3-fois-papa a pourtant un caractère bien trempé et des idées savamment arrêtées. Il finit par nous répondre qu’il attend avec impatience les premières cèpes, le premier gibier, les châtaignes, le Vacherin des Monts d’Or, que les changements de saison sont prétextes à bonnes tablées… et que ces derniers temps, un cigare cubain a ses faveurs, le magnum 50 accompagné d’un coupe de champagne Bollinger.
Notre chef de la rue Berger est en effet un fin connaisseur en matière de cigare. Il a toujours accordé une belle place au fumoir dans son établissement. Depuis la loi interdisant de fumer dans les lieux publics, Jean a très vite réagi en créant un sas au rez-de-chaussée et organisant une très belle pièce pour les amateurs de cigare et les frileux qui apprécient de fumer une cigarette au chaud avec un bon verre.
Evidemment, c’est Jean qui fait le service puisque la loi interdit qu’aucun employé n’œuvre dans ce genre de sas. Vous pouvez donc en profiter pour débattre des subtilités des cubains et des dominicains avec lui puisqu’il fait partie du comité de sélection et dégustation du « Club Cigare » et a lui-même créé un cigare à 4 mains avec Maya Selma, propriétaire d’une marque de cigares baptisé Fleur de Selma au Honduras.
« La France est le marché où il y a le plus de références et le premier pays en terme de qualité concernant les cigares. Nous arrivons deuxième pour la consommation après l’Espagne. Les Français aiment ce petit pêché mignon et depuis l’interdiction de fumer, il n’y a plus tant de lieux à Paris où l’on peut fumer sans se sentir coupable. Je veux cet espace comme une parenthèse de liberté, d’ailleurs malgré l’esprit ‘club’, je n’impose aucun droit d’entrée» explique Jean.
Dans son fumoir sont référencés 17 cigares, bientôt il compte passer à 35 voire 40. Sa maman, Sigrun, s’étonne du goût de son fils pour le cigare. Dans sa famille personne ne le fume vraiment. Pour Jean, c’est un plaisir sans excès, un aboutissement de profils aromatiques qui ne suscite pas d’accoutumance, d’ailleurs il ne fume pas de cigarette.
La maman de Jean tient une grande place dans le restaurant. Elle, qui était venue donner un petit coup de main à l’ouverture il y a 9 ans, n’a pas réussi à quitter l’Atelier. Jean tient beaucoup à cette ambiance familiale, artisanale et valorise intelligemment les qualités de chacun de ses 10 employés avec une tendresse particulière pour sa mère, l’une des figures incontournables de la salle de restaurant.
Imaginer cette salle : 120 m2 pour 45 couverts, c’est dire combien Jean tient à ce que ses invités soient à l’aise et profitent de tous les plaisirs de son établissement calmement, sereinement. Le temps fait une pause et part ici voluptueusement en fumée. Et encore, Jean n’a pas encore exploité toutes les richesses de son étonnant lieu. En effet, au sous-sol, il a prévu une discothèque. La venue du Chacha Club, son nouveau voisin qui fait le plein tous les soirs, le motive à accélérer la cadence. Mais chaque chose en son temps : il a fallu déjà plusieurs saisons pour parfaire la partie restauration. Après le succès du fumoir, la nuit à l’Atelier Berger pourrait bientôt prendre ses marques.