Amphitrite: Didier Escartin mise sur le bonheur par les plantes
Dans le majestueux salon de l’Amphitrite Palace Beach Hôtel, vêtu d’un impeccable costume gris anthracite, Didier Escartin nous attend avec une élégance et une éducation qui lui autorisent le luxe rare de se fondre dans le décor. Il ne se rend pas compte que sa prestance et son charisme lui permettent d’assumer le poids de la prestigieuse histoire de cet établissement mythique. Rien d’étonnant pour quelqu’un qui a suivi un parcours scolaire, à Paris, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, à l’École Bossuet, puis à l’emblématique Lycée Montaigne.
Didier Escartin, qui ne se contente pas de porter beau, affiche un sourire d’acteur américain. Il ne résiste pas à l’envie de raconter les épisodes mémorables de l’Amphitrite, avant de partager, lui, le professionnel reconnu et respecté du tourisme, son intention de revisiter le passé glorieux des lieux et surtout ses ambitions pour leur dessiner un avenir. Depuis plus de deux ans, flanqué de son énergique directrice marketing, Yasmina Ayach, il a entamé une réflexion pour apposer une signature thématique au développement de son spa.
Sollicité par Guerlain et autres Karita qui proposaient d’offrir leur nom pour une association maintes fois expérimentée, Didier Escartin a préféré jouer la carte de l’innovation en lançant, à Skhirat, le premier Spa Phyto Santé de cures par les plantes du Royaume et cibler les touristes éco-responsables. Il a œuvré sur ce projet ambitieux et unique, avec l’éminent phytothérapeute Jean-Jacques Descamps, dont les plantes médicinales et biologiques sont cultivées, près d’Agadir, dans la province de Chtouka Ait Baha.
Didier et Jean-Jacques se sont rencontrés quand le premier dirigeait l’Atlantic Palace, à Agadir, où le boss de l’Amphitrite a posé les jalons d’une carrière qui force le respect. C’est son oncle Gérard qui lui a donné le goût du métier en lui dénichant un job d’été de bagagiste à l’Hôtel Astra, rue Caumartin, à Paris où Didier est né au crépuscule des années 50. «J’ai accepté ce premier job de ma vie car j’étais attiré par la possibilité de faire des contacts et de me faire de l’argent de poche pour mes vacances» assure-t’il. «J’ai aimé découvrir le monde de l’hôtellerie et accueillir les clients. C’est pourquoi j’ai demandé à mes parents de faire l’école Hôtelière. J’ai dû bien porter les bagages car j’ai gagné plein de petits sous».
Il sera riche de rencontres, d’émotions et d’échanges. Et de voyages. Après les grandes écoles de tourisme de Thonon-les-Bains et surtout de Lausanne, il entame un parcours de globe trotter du tourisme avec un talent, une générosité et une énergie qui ne se démentent pas. Après un premier poste de directeur de nuit au célèbre Hôtel Concorde Lafayette, entre 1977 et 1979, à Paris, il entame son premier long mandat de six ans, à l’hôtel voisin, le Méridien Porte Maillot. Directeur des banquets, puis de la restauration, et enfin directeur adjoint, Didier Escartin fait ses gammes. D’ailleurs, en 1985, sa partition est si bonne qu’il s’envole pour Rio où il prend la direction de la restauration du Méridien Copacabana.
A Rio, Didier Escartin se fait un nom dans la profession. Et nourrit ses désirs d’exotisme et d’évasion qui ne le quitteront plus. Et s’il revient à Paris, en 1987, à l’Hôtel Méridien Montparnasse, il a des envies d’ailleurs. Il devra rejoindre le groupe Hyatt pour les assouvir au Maroc, à Casablanca, où il est nommé adjoint du directeur Marc Hediger, en 1989. Cette découverte du Maroc changera sa vie puisqu’il adopte une culture et des traditions qui font sens chez ce Parisien à l’ouverture d’esprit infinie. Rien d’étonnant qu’il soit nommé directeur général, deux ans plus tard, du Hyatt Regency Rabat (ancien Sofitel).
C’est avec le poids dans ses valises d’une nouvelle expérience réussie à la tête de cet hôtel historique de la Capitale que Didier Escartin rentre, chez lui, à Paris, pour prendre la direction de l’hôtel CopThorne Charles de gaulle. «Je souhaitais connaître d’autres expériences notamment la gestion d’un hôtel d’aéroport où l’on vend des chambres pour quelques moments» précise-t-il. «Cela demande de l’intensité lié au trafic aéroportuaire. Roissy est une vraie ville où vivent 50000 personnes. C’est comme Skhirat ou Biarritz hors saison. En tout cas, travailler dans un hôtel d’aéroport, c’est passionnant. On vit à l’heure, la minute.»
En fait, Didier Escartin attend son heure. Elle va sonner, en 1996. Le Groupe Méridien se rappelle à son bon souvenir et lui propose la direction du Méridien Porte Maillot. «Une consécration que je ne pouvais pas refuser» concède-t-il. «C’est l’hôtel qui me faisait rêver quand j’ai commencé la carrière.» Le rêve durera trois ans avant que le Méridien, emballé par l’expérience, ne lui confie l’authentique défi d’ouvrir son plus grand resort de 1000 chambres réparties sur 250 hectares sur les bords de la Mer Rouge, à Makadi Bay. Un conflit stratégique entre le propriétaire de l’hôtel et le gestionnaire interrompt cette mission.
De l’Egypte au Maroc, il n’y a qu’un pas que Didier franchit pour orchestrer son grand retour au Royaume. C’est à l’Atlantic Palace, en 2000, à Agadir, qu’il enfile le costume de directeur. «Cela a été un honneur de travailler sous la présidence de son Excellence Monsieur Cherkaoui et de son fils Moulay Souleimane» précise Didier. C’est à cette période qu’il rencontrera le fameux phytothérapeute Jean-Jacques Descamps.
Après cinq ans de bons et loyaux services, retour en France où il change à nouveau de vie et signe ses grands débuts à la Montagne. A Risoul, il dirige un groupe de résidences de 3500 appartements de luxe. Il gère même les remontées mécaniques, se donnant ainsi une corde supplémentaire à son arc. Mais sa corde sensible, c’est le Maroc. Et comme une destinée dont il s’éloigne pour mieux l’embrasser, il revient au Royaume, par la grande porte, comme directeur de développement du Groupe Taamer qui a obtenu la master franchise Ramada. «Nous avons ouvert trois hôtels: le Ramada Fès, le Ramada Marrakech Douar Al Hana et le Ramada Encore Tanger» précise Didier Escartin. «On avait pu signer, en à peine deux ans, plusieurs lettres d’intention pour prendre des hôtels en gestion. Et nous avions des projets de développement comme un resort de 200 chambres, à Sidi Kaouki ou sur Aghroud après Taghazout. Mais la crise des subprimes de 2007 a fragilisé notre actionnaire koweïtien qui a décidé de jeter l’éponge pour se recentrer sur ses activités d’origine, l’immobilier. N’empêche, cette expérience a été riche pour moi car elle m’a permis de parcourir le Maroc de l’Est à l’Ouest et du Nord au Sud.»
C’est d’ailleurs au Sud qu’il rebondira en 2009, à Agadir, précisément, où les propriétaires de l’Atlantic Palace lui font à nouveau les yeux doux et lui confient la direction de leur hôtel historique. Etre courtisé aussi souvent par d’anciens patrons n’est pas un hasard. C’est la reconnaissance d’une expertise rare et de qualités humaines évidentes que Didier mettra au service du Groupe Constellation, dès décembre 2013, avec pour mission de diriger le Centre International de Conférence Mohammed VI et l’Amphitrite Palace Beach Hôtel, lieu mythique dont on oublie souvent les premières heures de son histoire.
Ces belles pages d’un passé les mémoires, Didier Escartin a décidé de les ouvrir. Il envisage d’éditer un ouvrage sur une époque marquée par le règne de Feu Sa majesté le Roi Hassan II qui vivait au Palais Royal voisin et transformait l’Amphitrite en résidence d’été du Palais. «L’Amphitrite est l’hôtel le plus connu et le plus mythique du Maroc derrière La Mamounia» dit Didier Escartin. «L’Amphitrite a reçu les gens qui font le monde. Il est indispensable de mettre cette histoire à disposition de la nouvelle génération. On assiste à une transmission générationnelle très rare dans la fréquentation de notre plage. Les clients, qui venaient il y a 30 ans avec leurs parents, fréquentent aujourd’hui notre hôtel avec leurs enfants. L’idée, pour autant, n’est pas de tomber dans le passéisme. Le défi c’est de placer ce passé en perspectives avec nos ambitions pour le présent et le futur de ce lieu.»
Le présent, c’est l’inauguration du premier Spa Phyto Santé du Maroc. Un grand pas vers plus d’authenticité, plus de développement durable et plus de Maroc vient d’être franchi grâce au nouveau visage de la balnéothérapie de luxe de 1600 m2 dédié aux soins par les plantes que Jean-Jacques Descamps cultive près d’Agadir. «Les plantes sont issues de cultures biologiques drastiquement contrôlées dans un environnement protégé de la pollution» précise Didier. «70% de la production sont exportées vers la Suisse, ce qui situe l’exigence de certification pour ce produit 100% bio. Les plantes médicinales contiennent des principes actifs qui exercent une action sur l’organisme.»
La valeur ajoutée de ce concept au charme incontestable, c’est le jardin des senteurs aux abords du Spa. Bigaradier, camomille, citronnelle, menthe, romarin, verveine, thym ou sauge - le produit phare de la région d’Agadir - poussent sous le regard des clients qui ne manqueront pas de les consommer au bar à tisanes. Le bonheur par les plantes se décline en cures surtout, la cure antistress de 3 ou 6 jours, la cure week-end de 2 jours, la cure minceur de 10 jours et le soin signature, la cure fibromyalgie de 15 jours programmée pour soigner les rhumatismes, associés à une grande fatigue et à des troubles du sommeil.
Pas sûr que Didier Escartin, qui a été nommé Cluster directeur général du pôle tourisme du Groupe Constellation en 2015, bénéficie de longues plages de sommeil. A peine a-t-il refermé le dossier du spa qu’il vient d’ouvrir celui d’un ambitieux projet de club enfants et de la réouverture du night club, fermé depuis 3 ans. «On travaille sur l’animation, on veut aussi développer une base de loisirs sur la plage» confirme Didier. «Dans ce domaine, notre modèle d’infrastructures familiales, c’est l’hôtel Mazagan Beach & Golf Resort.»
Pour l’offre golfique, l’Amphitrite n’a rien à envier à personne. Avec le Golf de Bouznika et le Royal Golf Dar Es Salam de Rabat, situés à quelques minutes, avec pas moins de huit golfs dix-huit trous posés entre Casablanca et Rabat, le Palace de Skhirat est la destination golfique par excellence. «Le Royal Golf Dar Es Salam accueillera à nouveau le Trophée Hassan II au début du mois de mai» confie Didier Escartin qui se félicite également de la croissance annuelle de 20% sur les trois dernières années du Centre de Conférence Mohammed VI dont les 4100 m2 de salons, l’auditorium de 550 places et l’emplacement sécurisé escortent régulièrement les pourparlers de paix sur la crise libyenne organisés sous l’égide de l’ONU.
Histoire de rappeler que l’Amphitrite Palace Beach Hôtel a toujours sa place au centre du monde. Et de la vie trépidante de Didier Escartin.