Abderrahim Tounsi : « Être un clown a limité ma carrière... »
1- Vous êtes à la fois Tunisien et Marocain ...
Oui, bien sûr. Mais, j’ai préféré ne pas avoir la nationalité tunisienne. Je suis né au Maroc avec les habitudes de mon pays et pas celles de la Tunisie. Le Marocain est accueillant, il vous invite toujours à manger et ce n’est pas le cas des Tunisiens, il faut prendre rendez-vous, un peu comme les Français d’ailleurs.
2- Que représente la politique pour vous ?
Un grand musicien à qui une journaliste demandait s’il faisait de la politique lui a répondu : « jamais de la vie ». Moi, cela m’a bien fait rire. La politique vous savez, on en fait tous les jours, vis-à-vis de votre femme, de vos enfants. Répondre à des questions en mentant un peu; c’est de la politique au quotidien. Moi, j’ai participé à l’époque à la résistance tout en étant correct et avec courtoisie.
3- Quel est votre plus mauvais souvenir ?
Mon plus mauvais souvenir, c’est l’accident ! Celui que j’ai eu à la SOMACA (la société d’automobile). Je pensais y entrer comme responsable. Comme je maîtrisais bien le français, je devais me retrouver dans les bureaux. Mais, on m’a demandé de patienter car en 1961 il n’y avait pas encore de bureaux dans cette société. Soit j’attendais encore des mois, soit j’acceptais de travailler dans un atelier ! Le choix s’est vite imposé: marié et avec trois enfants je devais faire rentrer de l’argent pour vivre. J’étais chargé de contrôler la peinture. En contrôlant le dessous d’une voiture, elle est tombée sur moi. Par la volonté de Dieu, la partie qui était sur moi se trouvait près du pneu. J’ai eu la colonne vertébrale cassée mais je ne suis pas mort. » »
4- Quelle différence y-a-t’il il entre un pauvre et un riche ?
Vous savez il y a des pauvres qui sont riches et des riches qui sont pauvres. Dieu m’a donné l’intelligence vis-à-vis des gens. Je peux trouver une solution rapidement. Ma culture vient de mes nombreuses lectures, j’apprenais des mots dont je cherchais le sens dans le dictionnaire. Ma richesse, c’est ma culture, mes lectures.
5- Avez-vous des regrets ?
Être un clown a limité ma carrière, m’a enfermé dans une case. Mais, je l’assume. Je me souviens qu’un grand comédien m’a dit: « c’est dommage car vous avez une voix unique et si vous enleviez votre maquillage vous pourriez avoir d’autres rôles». Mais ce n’était plus possible car les gens me connaissaient comme clown.
6- Quand vous regardez votre vie avec le recul qu’en pensez-vous ?
On n’est pas toujours bon et pas toujours mauvais, voilà ma vie.
7- Quel est votre secret ?
« Je suis pieux. J’aime mon Dieu. Sans sa protection, je serais devenu fou. Sans Dieu, jamais je n’aurais réussi, il m’a toujours protégé. Dieu me soulage quand je suis malade, quand je suis en colère. »
8- Quelle est votre philosophie de la vie ?
Je vais vous expliquer ! Le monde, c’est comme une école, on doit apprendre pour avoir de bons résultats. Apprendre à être bon. Ne pas succomber aux tentations comme la corruption. Aider les gens dans le malheur.
9- C’est donc Dieu qui décidera si vous passerez à la postérité !
Bien sûr, mais j’ai déjà l’amour du public de mon vivant.