Pour Lekieffre, c’est l’heure !
Décembre. 2007 \\ Par Jérôme Lamy

Dernier candidat à entrer en campagne, Christophe Lekieffre (UMP) espère arriver premier aux Municiaples. Histoire de faire rebasculer à droite un 2e arrondissement, que l’UMP a abandonné en 2001 à cause de ses divisons.

Clin d’oeil.- Vous êtes le dernier candidat à entrer dans la bataille des Municipales dans le 2e. Est-ce un handicap ?
Christophe Lekieffre.- Sincèrement, non ! Quinze jours supplémentaires, c’est le temps qu’il fallait pour aboutir à une candidature d’union à droite dans le 2e. Nous avons donc bien fait de prendre notre temps. De plus mes concurrents n’ont même pas profité de l’occasion pour prendre de l’avance. Alors, aujourd’hui, la campagne commence et je suis là, avec un programme novateur, une équipe motivée, élargie bien au-delà des frontières de l’UMP et une candidate pour Paris compétente, courageuse et déterminée.

Comment expliquez-vous que l’UMP ait mis autant de temps à vous accorder l’investiture ?
Vous savez, être le fruit d’une longue réflexion n’est pas forcément une mauvaise chose. Certes, cela suscite quelques émotions mais cela prouve à l’arrivée que de toutes les candidatures observées la vôtre est, au bout du compte, jugée comme étant la meilleure. C’est finalement plutôt plaisant. Le travail que j’ai fourni depuis bientôt sept ans avec mon équipe place le 2e dans la petite liste des arrondissements qui peuvent basculer de gauche à droite au printemps prochain. Cette possibilité de victoire a donc suscité quelques vocations de dernière minute… C’est humain !

Pensez-vous être en mesure de « reprendre » le 2e arrondissement ?
En 2001, la droite parisienne se présentait usée et divisée. En 2008, elle sera unie et renouvelée. Et, parallèlement, la gauche semble avoir hérité du mistigri de la division. Ainsi, le maire du 2e se présente avec la concurrence “hargneuse” de sa principale collaboratrice, la première adjointe socialiste. Comment des personnes qui se détestent autant (je vous invite à lire les PV des conseils d’arrondissements de cette mandature) peuvent-ils envisager de travailler plus longtemps ensemble ? On le constate tous les jours, les Verts sont usés et les socialistes ringards et largement dépassés par les évènements.

Comment expliquez-vous la défaite de Benoîte Taffin dans le 2e en 2001 ? Et plus généralement la défaite de la Droite ?
Benoîte Taffin avait un très bon bilan, notamment avec la création du quartier piéton Montorgueil, pour lequel, je vous le rappelle, les socialistes dont Pierre Schapira n’ont pas voté à l’époque.  La défaite de Benoîte Taffin - sur le fil -  n’était donc pas méritée. C’est la division qui a fait perdre - de peu de voix - la droite en 2001. D’autant que dans le 2e  cette division était poussée à son maximum avec la présence de trois listes concurrentes au premier tour.

Jacques Boutault a-t-il été un bon maire?
Le problème de Jacques Boutault est qu’il n’a jamais été un maire légitime. Arrivé loin derrière les candidats du PS et de la droite au 1er tour de l’élection municipale de 2001, il ne doit son élection qu’à un arrangement politicien  entre le PS et les Verts, au soir du premier tour. Depuis, il gère le 2e en maire de gauche minoritaire. Il ne fait que ce que les socialistes lui laissent faire. Une situation qui interdit d’ailleurs aux socialistes de s’exonérer aujourd’hui du tragique bilan du 2e arrondissement. 

Pour vous l’adversaire à battre, ce sont les Verts ou le PS ?
Mon objectif dans cette campagne n’est pas de « battre » une personne, mais de dénoncer un bilan et de promouvoir mon projet. Cette vision très belliqueuse et négative de la politique est d’ailleurs de plus en plus rejetée par la population. Tant mieux !
Avec mon équipe, nous voulons positiver, proposer des solutions concrètes et réalistes aux problèmes quotidiens que rencontrent nos administrés. Nous opposerons au dogmatisme et à l’irresponsabilité de l’équipe sortante, un réalisme et un pragmatisme qui font cruellement défaut à la gestion municipale parisienne.

Est-ce que le Grenelle de l’environnement de Nicolas Sarkozy est une arme pour battre un maire écologiste ?
L’écologie est une chose trop sérieuse pour la laisser uniquement entre les mains des Verts. D’ailleurs, dans le 2e, la droite n’a pas attendu les Verts pour réaliser le Quartier piéton Montorgueil. Les écologistes sincères se trouvent autant sur les bancs de gauche que sur ceux de droite.

Êtes-vous surpris de ne pas affronter Pierre Schapira mais Sylvie Wieviorka ?
Pas du tout ! Grisé par les fonctions d’adjoint au maire de Paris, qu’il a obtenues en contrepartie de la mairie du 2e qu’il acceptait de céder aux Verts en 2001, Pierre Schapira a, petit à petit, délaissé le 2e arrondissement. La situation s’est même aggravée avec son élection au Parlement européen. Parallèlement, Sylvie Wieviorka qui a échoué à l’entrée du Conseil régional, il y a trois ans, a eu tout le loisir de travailler au corps les militants socialistes du 2e. Un investissement qui a fini par payer car en élection interne, Schapira n’aurait eu aucune chance d’être désigné par les militants socialistes du 2e. Conscient de cette faiblesse, il ne s’est pas présenté, préférant attendre (voire provoquer) un éventuel faux pas de son acolyte socialiste pour lui reprendre le leadership.

Comment analysez-vous les sondages qui donnent une avance confortable à Delanoë ?
Ils traduisent une totale méconnaissance du système politique parisien. En effet, il n’y aura jamais de confrontation directe Panafieu-Delanoë. L’avenir de Paris va donc se jouer sur 20 élections d’arrondissements. Dans ces combats « locaux », les 12e, 9e, 4e, 2e et 14e  arrondissements pourraient basculer, entraînant l’élection d’un plus grand nombre de conseillers de Paris qui, dans une sorte de 3e tour, éliront le futur maire de la capitale. Je vous invite donc à regarder de près les prochains pronostics dans ces arrondissements « clés » plutôt que de mesurer des confrontations utopiques

Bertrand Delanoë bénéficie quand même d’une vraie côte de popularité...
Il a surtout su parfaitement profiter des moyens de communication importants qu’offre l’Hôtel de ville pour se faire connaître et monopoliser l’attention. A présent, la campagne commence et nous allons pouvoir faire le bilan de son action depuis 7 ans. Or, si j’en crois le sondage réalisé récemment par l’institut CSA pour le Nouvel Observateur, pour près de 6 Parisiens sur 10 l’action de l’actuel maire de Paris n’a rien changé dans leur vie (40%), voire  a dégradé leur situation (19%). Cela représente une proportion non négligeable d’électeurs qui n’ont aucune raison de maintenir au pouvoir une équipe qui ne leur a pas donné satisfaction. Le jeu reste donc ouvert !

Comment expliquez-vous la crise identitaire nationale du PS et sa bonne santé à Paris ?
Vous savez, tout est relatif. Le PS parisien a surtout profité de nos faiblesses dues au laps de temps indispensable à la reconstruction de la droite parisienne après la difficile défaite de 2001. A présent, la page est tournée, les cadres de la droite ont, en grande partie, été renouvelés, féminisés et rajeunis. C’est une nouvelle génération de responsables politiques qui se présentent devant les électeurs, avec un comportement politique entièrement nouveau et libéré notamment par l’élection de Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République. Ce long travail de rénovation n’a pas encore eu lieu à gauche et au PS. Il apparaît désormais comme ringard et dépassé par les évènements.

Le PS est-il devenu le parti des bobos, qui sont nombreux dans le 2e ?
Je ne pense pas qu’il y ait un parti des bobos. Ce serait d’ailleurs faire offense à l’anticonformisme qui les caractérise. En effet, cette partie de la population est plutôt jeune, gagne bien sa vie, se préoccupe beaucoup de son environnement (le bio, le bruit, la pollution, la mode, le design,…) et souhaite par-dessus tout se différencier du reste de la société. Les caricaturer et leur dire aujourd’hui comment ils doivent voter, c’est l’assurance qu’ils chercheront un motif pour voter différemment. Certains d’entre eux - et vous avez raison, ils sont nombreux dans le centre de Paris - me disent déjà qu’apporter un peu de féminité à la tête de la mairie de Paris  serait un atout…    

Justement, vous êtes un proche de Françoise de Panafieu, pouvez-vous nous parler d’elle, nous dire pourquoi elle ferait un très bon maire de Paris ?
Je connais en effet Françoise de Panafieu depuis longtemps et j’étais déjà favorable à ce qu’elle mène la campagne municipale de Paris en 2001. C’est une femme qui a du caractère, ne s’en laisse pas compter et ramène systématiquement nos réflexions politiques au concret. « Je veux être pour vous le maire de l’essentiel » qui est son slogan de début de campagne lui correspond d’ailleurs parfaitement. De plus, contrairement au maire en place, elle a l’esprit d’équipe et n’hésite pas à s’entourer de vraies personnalités qui bonifient son projet. Ainsi, je ne trouve pas chez notre adversaire l’équivalent des Dati, Lagarde et autre Cavada qui ont rejoint notre équipe !

Allez-vous essayer de surfer sur la popularité incontestable de Nicolas Sarkozy et pratiquer comme lui l’ouverture ?
L’esprit des élections municipales est beaucoup moins partisan que les autres élections nationales. Cela nous permet d’associer à notre projet des personnes qui n’ont pas forcément d’engagement politique précis, voire d’ouvrir nos listes à des candidats qui transcendent le clivage politique gauche-droite. Nos listes seront présentées vers la fin janvier mais je peux déjà vous dire que mes rencontres avec d’éventuels candidats issus du Parti radical du centriste Jean-Louis Borloo ou de la gauche moderne de l’ex-socialiste Jean-Marie Bockel sont très plaisantes. Leurs préoccupations seront intégrées à notre programme et je serai vraisemblablement à la tête d’une liste de rassemblement de la droite, du centre et même d’une partie de la gauche moderne, en mars prochain.

 

“Je ne trouve pas l’équivallent des Dati, Lagarde
et autres Cavada chez nos adversaires...”

 

Quel est votre projet pour le 2e ?
Ce qui ressort de la réflexion et du dialogue que nous entretenons avec les habitants, c’est que tout reste à faire dans le 2e ! En effet, les problématiques d’aujourd’hui sont très exactement les mêmes que celles que nous diagnostiquions déjà lors de la campagne de 2001. Ce qui signifie que l’équipe en place n’a pas réussi à les régler voire a même un peu plus aggravé le problème. Par exemple, il est indéniable que la requalification de la rue Saint-Denis reste à faire. Il est aussi grand temps que la municipalité se décide à accompagner la mutation professionnelle du Sentier. Nous devons également faire revivre l’esprit des grands boulevards notamment en reconsidérant la circulation par une mise en double sens, projet totalement abandonné par l’actuelle majorité. Sans oublier qu’aucune concertation n’a été engagée par l’équipe en place concernant l’utilisation du Palais Brogniart, place de la Bourse, alors même que la concession de ce bâtiment, propriété de la ville, sera renouvelée dans quelques mois seulement….   

Quelle est votre avis sur les difficultés de logement dans le 2e et l’habitat insalubre?
La lutte contre l’habitat insalubre est un grave échec pour l’équipe sortante. En 2001, plus de 1000 immeubles insalubres avaient été répertoriés par les services. Le maire de Paris s’était engagé à éradiquer l’insalubrité dans la capitale et avait même confié à la SIEMP le soin de procéder à la rénovation urgente de ce parc totalement délabré. Résultat : à peine une centaine d’immeubles seront livrés au bout de sept ans de mandat. Alors même que, dans le même temps, le maire de Paris a pu compter sur une explosion des droits de mu-

tation qui lui apporte aujourd’hui près de 900 millions d’euros chaque année dans son budget. Il avait donc les moyens d’une politique ambitieuse mais il n’en a rien fait !
Le logement est un problème majeur à Paris car on ne construit pas assez. Notre plan d’action prévoit donc la construction de 4000 logements neufs par an, la relance du logement intermédiaire et la promotion de l’accession à la propriété des primo-accèdants et des locataires du parc HLM où le taux de rotation est beaucoup trop faible. 

Qu'avez-vous pensé des événements de la rue de la banque?
L’origine des évènements de la rue de la Banque qui perturbe sensiblement la vie des riverains, c’est l’installation d’un squat, il y a un an, dans l’immeuble du N°24 avec apparemment l’appui inacceptable de moyens techniques et de personnels de la mairie de Paris. Or, cela n’a pas pu se faire sans l’accord du maire du 2e et la complicité du maire de Paris. Leurs responsabilités sont donc directement engagées.
De plus, comme beaucoup, j’ai dit mon incompréhension devant ce défilé d’artistes et de people, organisé par le DAL, pour médiatiser le difficile problème des mal logés. En effet, ces artistes viennent rue de la Banque, se font photographier pour la postérité mais repartent sans avoir contribué au plus petit début de solution aux problèmes. Alors, prenant exemple sur Coluche qui, en son temps, n’avait pas hésité à user de sa notoriété pour lancer l’action très concrète des restaurants du cœur, j’ai proposé à ces personnalités du show-business, plutôt que de signer des toiles de tente d’apporter leur signature au bas d’un engagement de caution solidaire que la famille parrainée pourrait ensuite présenter à n’importe lequel des propriétaires bailleurs de son choix… Mais, j’ai aujourd’hui le regret de vous indiquer qu’aucune des personnalités concernées n’a cru bon de s’engager avec autant d’efficacité !

Vous êtes moins présent que les autres sur le marché Montorgueil mais vous pratiquez un porte à porte intensif...
Je crois beaucoup à la proximité. Le contact direct permet souvent d’éclairer nos électeurs et de lever d’éventuelles incompréhensions. Le porte à porte est, à ce titre, un moyen de communication efficace dont je ne vais pas me priver.
Sur le temps de présence sur le marché Montorgueil, je pense sincèrement que j’y suis au moins aussi présent que mes adversaires socialistes. La différence c’est que lorsque nous n’y sommes plus, eux conservent une magnifique vitrine avec la permanence du Parti Socialiste installée rue Montorgueil dans un local, propriété de la Ville de Paris, qu’ils louent toujours à bon marché. Cet avantage est conséquent lorsqu’on connaît les prix des loyers des boutiques dans le quartier. D’ailleurs, compte tenu du plafonnement des budgets de campagne qui limite désormais les dépenses électorales, je vous indique que nous n’aurons pas de permanence à proprement parler. Avec mon équipe de campagne nous avons fait le choix de mettre en place une permanence itinérante dans le 2e dans les bars ou restaurants de l’arrondissement. D’une faiblesse, nous avons finalement fait une force en terme de proximité.

Vos adversaires sont parfois très durs avec vous, que leur répondez-vous ?
C’est vrai, il n’est pas toujours facile de représenter l’opposition dans cet arrondissement. Déjà, lors de la précédente campagne municipale, les coups bas n’ont pas manqué. Il est visiblement de tradition à gauche, lorsqu’on est  en difficulté sur le débat de fond, de présenter les adversaires de droite comme anti-social, homophobe, raciste… Je crois que ces méthodes, même si elles sont toujours employées, ont de moins  en moins d’impacts. Ceux qui me connaissent savent que je suis un libéral qui ne manque pas de générosité, que je défends la famille y compris dans sa plus grande diversité et que le rejet et l’insulte de l’autre, notamment lorsqu’il est « différent », ne font pas partie de mes comportements.
C’est pourquoi, avec mon équipe, l’ouverture est notre volonté, le pragmatisme notre état d’esprit. Et, nous nous présenterons devant les électeurs du 2e arrondissement sous la bannière « Paris 2 à cœur, pour un Paris gagnant ! ».