Hervé Renard, homme de l’année 2018
Février. 2018 \\ Par Jérôme Lamy

Feu Sa Majesté le Roi Hassan II avait coutume de dire qu’il était moins grave de se tromper dans le choix du Premier Ministre, que dans celui du sélectionneur de l’équipe nationale de football. Avec Hervé Renard, les décideurs marocains ont fait bonne pioche. Homme de l’année 2017, le sélectionneur des Lions de l’Atlas sera incontournable lors de cette nouvelle année dont l’été promet d’être embrasé et passionné.

La Coupe du monde en Russie (14 juin -15 juillet) sera le phare d’une année historique pour le Royaume qualifié pour la fête planétaire du ballon rond. Car Hervé Renard a réussi là où tous ses prédécesseurs échouent, depuis 20 ans. Depuis la Coupe du Monde 1998, en France. Il a retourné les esprits chagrins, levé les digues, fédéré les énergies, montré la voie, surmonté les doutes.

Il n’a pas beaucoup parlé depuis le début de son mandat. Il a montré. Beaucoup. Par l’exemple, par le travail, par le talent. Vainqueur de la Coupe d’Afrique des Nations avec la Zambie et la Côte d’Ivoire, il marche depuis quelques années sur les traces de l’Egyptien Hassan Shehata, sacré à trois reprises, à une altitude où seuls les champions respirent encore.

En replaçant le football en particulier et le sport marocain en général sur la carte du monde, cet amoureux de l’Afrique et des Africains a encore frappé plus fort, enfonçant un coin à sa réputation de sorcier. On imagine le bonheur de Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui milite pour une diplomatie par le sport et qui donne tous les moyens possibles aux fédérations pour contribuer au rayonnement du Royaume. C’est à ce niveau géo-politique qu’il faut lire la performance d’Hervé Renard à la tête des Lions de l’Atlas. C’est la raison pour laquelle nous lui avons consacré 36 pages exceptionnelles, gros plan unique dans l’histoire de notre magazine.

Parce que le retentissement de cette aventure dépasse le cadre du sport, nous avons essayé d’être à la hauteur d’un événement qui marquera durablement la jeunesse marocaine, lui prouvant que tout est possible. Dans un pays où plus de la moitié de la population -54% des Marocains ont moins de 35 ans- n’a quasiment aucun souvenir de la dernière participation des Lions de l’Atlas au Mondial 98, où plus d’un quart de la population -26% des Marocains ont moins de 19 ans- n’a jamais vu les exploits de Mustapha Hadji, lors du Mondial français, on apprécie la dimension symbolique de cette qualification.

On mesure les pas de géant accomplis sur le chemin de la fierté nationale, de la réhabilitation, de la confiance, de la rédemption. Bien sûr, les jeunes marocains ne brûleront pas demain les maillots de Cristiano Ronaldo ou Lionel Messi. Mais ils n’auront plus besoin de franchir les portes de l’Europe pour adopter des idoles. Ils aduleront leurs héros nationaux, de Mehdi Benatia à Hakim Ziyech, avec la même passion.

En football comme en économie, le Maroc n’a rien à envier à ses voisins européens. Emmanuel Macron, le Président français, répète souvent «qu'il faut des héros pour qu'un pays soit grand». Hervé Renard n’est pas marocain. D’ailleurs, il mériterait peut-être la nationalité. Mais il a la gueule d’un héros. Le palmarès d’un cador. La droiture d’un mec bien. Avec lui, le Royaume et son football sont grands.